La folie a joué les guest-stars au Bataclan ce sinistre 13 novembre. De sombres tarés dopés à la haine et à la frustration ont voulu faire taire notre musique, assassiner notre insouciance. Alors, parce que nous sommes d'effroyables "idolâtres de la perversité", comme nos camarades fauchés dans l'exercice de leur passion en pleine fosse, montons le volume, faisons péter les enceintes, continuons à nous enivrer de bière tiède dans des gobelets en plastique trop mous, usons nos godasses jusqu'à la corde sur ces parquets collants (la faute aux gobelets trop mous), gorgeons-nous de décibels, vautrons-nous dans notre fange.
Et faisons-leur un immense, un gigantesque, un incommensurable doigt d'honneur un peu ado, un peu idiot et tellement libérateur. Parce que cette "musique du diable", c'est la liberté. Celle de se déboîter les cervicales en headbanguant ou de dodeliner timidement de la tête, de chanter faux (à tue-tête ET en yaourt), de pogoter jusqu'à en perdre haleine ou de faire la danse du robot, c'est notre coeur qui s'emballe sur un break de batterie ou un accord de guitare qui nous fait toucher les étoiles. Et parce qu'on continuera à écluser cette vie comme une pinte au gobelet en plastique trop mou sur fond de musique tapageuse.
Triste sire, ne touche pas à mon pote idolâtre, pauvre mec, ne touche pas à mon rock diabolique.