






Faut-il en finir avec la Saint Valentin ?
On est en droit de se poser la question à une époque où le sentiment amoureux, le couple, l'expression du désir, sont remis en question, interrogés, déconstruits. On vous explique d'ailleurs pourquoi l'amour est la nouvelle grande lutte féministe. Comment aimer ? Comment exprimer son amour ? Y'a-t-il vraiment besoin d'une sempiternelle fête commerciale riche en chocolats, en bijoux en promo et en bouquets de fleurs pour ça ? Et bien, un humoriste célèbre a la réponse : l'auteur de la plus acclamée comédie française de l'année, ni plus ni moins.
Artus, naturellement.
Qui face aux caméras de Canal Plus s'est plu à déboulonner Saint Valentin et mythe de la démonstration amoureuse annuelle. Il n'est pas trop 14 février, Artus. Et il explique pourquoi avec la transparence qu'on lui connaît : "C'est la fête des gars qui savent pas donner de l'amour aux gens le reste du temps !". Des "mecs" qui se contentent d'une journée pour déployer un cadeau censé pardonner leur paresse ou leur inaptitude à partager leur amour, selon l'acteur. On a du mal à donner tort au comédien... Qui ne s'arrête pas là niveau balayage de conventions.
Artus oblige, l'artiste y va également de son trait d'humour : "Derrière la Saint Valentin il y a ce truc genre : Putain, j'ai rien offert de l'année ! Tiens, Michel, offre un bouquet !". Et de décocher encore : "Tu vois ce que je veux dire ? Moi, j'ai pas besoin de la Saint Valentin pour dire à ma meuf que je l'aime, pour lui offrir des trucs, pour lui faire des surprises"
"T'as pas besoin de Saint Valentin si tu aimes fort dans ton couple !"
Propos trop bateau ? Pas forcément, tant ils semblent retentir à l'unisson de certaines réflexions féministes. Sur, au choix, l'incapacité des hommes à exprimer leurs sentiments en général (à pleurer, par exemple, alors qu'est bon pour leur santé mentale), à dialoguer correctement avec les femmes, à maintenir la stabilité de leur couple, à faire preuve d'intelligence émotionnelle...
On a même envie de citer une grande autrice. Qui dit très bien l'amour.
En la personne de Victoire Tuaillon donc, qui déclarait à Terrafemina dans une longue interview : "Pour les hommes hétérosexuels cisgenres, la question serait encore : comment je fais pour (vraiment) aimer les femmes ? C'est une vraie question car je pense qu'au fond, beaucoup d'hommes n'aiment pas les femmes".
"C'est à dire : ils n'aiment pas le corps des femmes, ils ne s'intéressent pas à elles, ils ne les écoutent pas, ils exploitent leur travail, ne lisent pas de livres écrits pas des femmes, ne voient pas leurs films, ont besoin de conserver une position de supériorité et de domination, ne supportent pas forcément que leurs conjointes gagnent plus qu'eux, etc. Ils se servent d'elles certainement, mais ce n'est pas de l'amour".
"L'enjeu de toutes les luttes que nous menons en tant que féministes, c'est créer les conditions pour que les gens s'aiment. Le féminisme peut être un refus de ce qu'on nous a imposé comme relations et modèles amoureux, mais pas de l'amour en soi. Aimer sans être soumise, est l'un de ces combats... Quand on parle de féminisme je me dis que l'on ne parle au fond que de cela : de l'amour, pas au sens traditionnellement romantique ou sirupeux du terme, non, mais l'amour en tant que force vitale et joyeuse. Le féminisme nous incite finalement à nous demander ce qui relève de l'amour, et ce qui n'en relève pas".
Parler librement d'amour, c'est être libre tout court.
La preuve, dans une autre longue interview, celle du magazine des cultures LGBTQ Têtu à retrouver ici, magazine dont il occupe la Une, Artus, à retrouver dans La Pampa, le premier et foudroyant long-métrage d'Antoine Chevrollier), se mettait déjà à nu : "j’ai expérimenté beaucoup de choses sexuellement et j’ai déjà eu des relations avec des mecs, j'ai toujours été très ouvert là dessus....Je suis hétéro mais j’ai découvert qu’un mec pouvait m’exciter quand je suis allé dans un club libertin. Il faut savoir poser son cerveau d’hétéro pour écouter son corps !"