"Aujourd'hui, je suis capable de me dire que je suis pas rentrée dans l'omerta, que je ne l'ai pas acceptée, que je l'ai dénoncée face à la personne elle-même". Le message est limpide. Interviewée par le média national Ici Radio-Canada, la chanteuse belgo-canadienne Lara Fabian a apporté sa pierre au sujet (encore tabou) du harcèlement sexuel au sein de la scène musicale, un phénomène qui ne date pas d'hier. Une parole forcément intime.
"[Le harcèlement sexuel] je l'ai vécu, ça, de très près... Mais j'en ai jamais parlé, jamais. Je crois qu'il y a, en tant que femme, parfois, un prix que l'on est prête à payer au nom de certains rêves. Et ça a été dur. Parce qu'il y a eu des conséquences. Des grosses conséquences", témoigne-t-elle ainsi au micro de la radio, l'espace d'un échange plein de pudeur. "Mais pour moi, la conséquence à l'endroit de qui je suis en tant que femme aurait été beaucoup plus grave que de ne pas être capable d'accomplir certaines choses, de réussir certaines choses."
"A l'époque, il y a 25 ans, cela aurait été très compromettant d'aller crier sur tous les toits ce qu'il venait de se passer. On m'aurait tout simplement traitée de folle. Mon seul pouvoir à ce moment-là, c'était de dire non", déplore la chanteuse à Radio Canada.
Si elle n'a pas davantage détaillé cette expérience douloureuse, Lara Fabian sous-entend cependant l'importance d'ouvrir la voie au sein d'une industrie musicale où discriminations et violences sont banalisées.
Sa voix si familière avait retenti ces derniers mois, de la mise en ligne de sa chanson dédiée au travail du personnel soignant en plein confinement (Nos coeurs à la fenêtre) à la sortie du documentaire qui lui est entièrement consacré, intitulé Lara. Mais si elle a l'habitude des interviews, les confessions de l'artiste n'avaient encore jamais vraiment convergé vers le sujet du harcèlement sexuel et des militances féministes. Au média canadien, elle a encore affirmé avoir "dénoncé" la situation auprès de son agresseur.
Une parole affirmée qui lui ressemble bien, notamment quand il est question de malveillance. L'an dernier, la chanteuse fustigeait ce qu'elle considérait comme un "acharnement" à son encontre : la manière dont l'émission Quotidien la tournait en ridicule, la faisant passer "pour la femme la plus idiote de la Terre" - selon son expression. Et l'interprète de tacler non sans humour le présentateur Yann Barthès : "Je ne vais quand même pas sauter à pieds joints sur un mec qui ne m'aime pas". Une autre forme de sexisme banalisé ?