Vous n'êtes pas prêt pour ce tour de force émotionnel. S'immerger dans Le successeur c'est se retrouver dans ce que les anglophones intitulent un "roller coaster" : un divertissement à sensations fortes... Dont vous ne ressortirez pas indemne. Mais de quoi cause donc ce thriller frenchie à découvrir dès aujourd'hui en salles, et qui fait déjà tant gloser ?
C'est tout simple et le postulat tient sur la quatrième de couv' d'un roman de gare : un styliste québécois, nouveau directeur artistique d'une célèbre maison de haute couture française, doit revenir au pays pour l'enterrement de son père, avec lequel il a coupé les ponts depuis des lustres déjà - jusqu'à changer son propre prénom. Oui mais voilà : le daron en question lui a laissé un "drôle" d'héritage. Merci d'avance de ne pas spoiler !
Sans trop en dire, ce film noir, très noir, où excelle un méconnaissable Marc-André Grondin (il est loin, le temps du Premier jour du reste de ta vie !), se fait la continuation plus nihiliste encore du premier film très remarqué (et lui aussi très douloureux) de son auteur Xavier Legrand : Jusqu'à la garde, cette oeuvre choc portée par Denis Ménochet et Léa Drucker, abordant les violences conjugales et les féminicides.
On recommande.
Comme un air de Jusqu'à la garde ? Oui !
Car le "home sweet home" que va progressivement retrouver notre protagoniste, Ellias, au Québec, a tout d'un véritable cauchemar... Patriarcal ! C'est précisément là le sujet du nouveau film de Xavier Legrand, metteur en scène à l'affolante maîtrise. Poids du père, fantômes, héritage, violence masculine, sont autant d'ingrédients qui ponctuent ce thriller qui, par son traitement de la masculinité, a la férocité d'une comédie noire.
Mais alors, très noire. Et cruelle. Si l'on considère le patriarcat comme l'héritage d'une certaine masculinité, via le sacrosaint modèle paternel, mais également des attitudes et valeurs qui en sont issues, on peut dire que Xavier Legrand envisage la chose avec une violence rarement vue à l'écran. Ce que va découvrir Ellias (personne n'est prêt à cela), c'est ce qu'il souhaite fuir. Non seulement son père et ses souvenirs, mais tout ce que peut représenter ce dernier.
Dans la peau dudit protagoniste, Marc-André Grondin fait aussi bien preuve d'une rage retenue que d'un angoisse affolant libéré, exprimé dans toute sa sonorité, réactions émotionnelles extrêmes - jusqu'à la crise de panique - qui sauront volontiers contaminer un public sur les nerfs 2 heures durant.
Rien de plus n'est nécessaire pour sombrer en "PLS" totale devant ce thriller super efficace - le second de l'année aux côtés du fascinant Les chambres rouges, dont nous parlons ici. Un film qui nous plonge au plus profond d'une caverneuse noirceur. Attention tout de même : pour yeux avertis uniquement !