Marco Beacco donne de la voix à François Hollande

Marco Beacco : Alors que François Hollande a commencé le marathon que représente la campagne présidentielle depuis cinq mois, je suis son coach vocal depuis trois semaines. Mon rôle est de veiller à ce qu’il protège sa voix afin qu’elle tienne jusqu’à la fin de la campagne. Coacher vocalement François Hollande est une demande que j’ai faite il y a un moment déjà à son équipe de campagne, par le biais de Manuel Valls, une connaissance commune. Je n’étais d'ailleurs pas le seul à penser qu’un tel travail pouvait lui être bénéfique : plusieurs membres de son entourage lui avaient déjà conseillé de consulter un coach. En effet, avant que je ne le conseille, François Hollande ne s'hydratait jamais pendant ses discours, mettant ainsi ses cordes vocales à rude épreuve. Quoi qu’il en soit, au vu de son activité au cours des cinq derniers mois, sa voix ne semble pas avoir trop souffert. Il a tout de même été le premier à sillonner les routes de France et à donner de la voix pour en récolter.

M. B. : Il est en effet de plus en plus courant pour les politiciens d’être suivis par un coach. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, en a un. De même, Nicolas Sarkozy en a consulté un pendant la campagne.
Je pense que c’est une très bonne chose. A l’instar des chanteurs, les hommes politiques et les orateurs, d’une manière générale, doivent apprendre à respirer et à poser leur voix. Certes, la parole est innée, mais l’utiliser devant 10 000 personnes l’est beaucoup moins ; cela nécessite de porter davantage la voix.

M. B. : Effectivement, je n’ai jamais collaboré avec un homme politique auparavant. C’est donc un travail très différent de celui que j'ai l'habitude de faire, ne serait-ce qu’en termes d’organisation. Avec un homme politique, et un candidat à la présidentielle qui plus est, il est très difficile de fixer des rendez-vous de travail d’une heure. Nous organisons donc des entretiens entre deux rendez-vous. En ce moment, nous nous voyons avant chaque meeting, c'est-à-dire tous les deux jours, environ.

M. B. : François Hollande n’a pas une voix grave, elle est même plutôt haut perché. C’est donc une voix qui se fatigue plus que les autres car elle est moins posée. Par ailleurs, François Hollande est un très bon tribun. Pendant ses meetings, ses discours, il aime donner de la voix, quitte à forcer un peu dessus. Mais c’est aussi ce qui fait sa personnalité. J’essaie donc de le corriger, sans pour autant le changer.

M. B. : Lorsque l’on a la voix abîmée ou fatiguée comme ce peut être son cas, le meilleur remède est le repos total. Même le chuchotement est interdit car il fatigue davantage les cordes vocales. Donc, avant un meeting, François Hollande ne parle quasiment pas. Je reste près de lui pour lui donner mes derniers conseils et, surtout, le soutenir psychologiquement. Je l’invite à faire des inhalations, à boire un thé léger aux plantes ou à prendre des pastilles au miel, de préférence. Toutefois, si certains pensent que François Hollande a une voix fragile, je pense au contraire, en tant que professionnel, qu'elle ne l’est pas au vu du nombre de discours prononcés et de meetings assurés ces derniers mois.
Simplement, la voix est en effet le seul instrument qu’on ne puisse pas acheter ; une raison supplémentaire de la préserver.


Marco Beacco

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