Comment mettre des mots sur l'innommable ? Comment repenser sa propre vie après l'impensable ? Un peu plus de quatre mois après avoir perdu son mari Georges dans l'attentat commis par les frères Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo, Maryse Wolinski exprime tout son mal être mais aussi son envie de "connaître la vérité" sur ce qu'il s'est passé ce tragique 7 janvier.
Dans une interview au Dauphiné Libéré, la femme du dessinateur s'est dite très affectée par la mort de son mari. "Je vais mal, explique l'écrivain. Après 47 ans de vie commune avec un homme comme Georges, on peut difficilement se remettre d'une fin si brutale". "Je ne sais pas comment continuer à vivre sans son regard (...) tout me semble sombre et compliqué", confie même celle qui s'est résolu à quitter l'appartement, trop chargé de souvenir et devenu trop cher pour elle seule.
Mais Maryse Wolinski ne se laisse pourtant pas abattre. Derrière la détresse, la femme de Georges veut surtout comprendre comment son époux a pu disparaître si brutalement. Lui qui tentait pourtant de la rassurer : "Il ne m'avait même pas dit que Charb était visé par une fatwa. Il me protégeait. Si je l'avais su, je lui aurais demandé de quitter Charlie Hebdo".
La journaliste cherche désormais à en savoir plus. "Je mène ma petite enquête de mon côté car j'estime qu'il y a des zones d'ombre dans le déroulé des faits", affirme Maryse Wolinski. Et la veuve du dessinateur de pointer certaines incohérences des faits du 7 janvier et de ceux qui l'ont suivi : les failles de sécurité, l'utilisation de l'argent récolté... "Tout cela m'exaspère et me met en colère", reconnaît l'épouse du dessinateur disparu qui affirme avoir finalement recommencer à écrire, comme un besoin vital : "je recommence à écrire. Je participe à la réédition d'un très beau livre de Georges 'Lettre ouverte à ma femme' qui était sorti en 1978 et dont je fais la nouvelle préface. J'écris également sur ce tragique 7 janvier 2015 ".