Qui n’a jamais eu une amourette le temps d’un été ou d’un séjour aux sports d’hiver ? Qui n’a jamais cru qu’il avait rencontré la personne de sa vie sur une plage de sable fin alors qu’au fond de lui, il savait pertinemment que c’était voué à l’échec ? Bah oui, Gravelines-Mulhouse, 747 kilomètres et peu de perspectives d’avenir ensemble à 15 ans.
Alors on accepte cette fatalité sans broncher : on admire à deux le coucher de soleil depuis le camping de Mimizan, on se prend par la main pour aller boire un panaché au karaoké de la buvette, on joue à touche-pipi dans la piscine sans penser – oh non jamais – au moment tragique de la séparation, plus douloureuse que toutes celles que jamais vécues du haut de ton expérience de grande séductrice.
Une séparation plus dure encore que celle avec Jason du CM2 ou Martin du club d’échec. Tu ne le sais pas encore mais cette séparation est moins difficile à accepter que celle que tu vivras l’été prochain. Car l’amourette de vacances est un éternel recommencement.
Alors, il y a des promesses dans l’air : « on se retrouve là l’an prochain » ! On s’écrit (des SMS mais à notre époque c’était de longues lettres où les points des « i » étaient des petits cœurs), on se retrouve chez la mamy de l’un aux vacances de la Toussaint…
Tu parles, après 3 SMS de plus en plus distants, des parents qui réservent dans un autre camping l’année suivante et une nouvelle muse pour ton prince charmant version camping, et la fougue de ton amour de vacances s’amenuise.
Pourtant, tu avais craqué tout de suite sur la personnalité du beau Nathan : le leader du groupe. Sa casquette de traviole et sa grosse chaîne en argent lui donnaient du style. Son numéro de break dance au club des loulous t’avait donné la chair de poule et ce grand dingue avait osé commander un monaco pour goûter aux premières joies de l’ivresse. Toutes tes copines du camping t’admiraient parce que tu sortais avec le caïd du groupe. Un vrai moment de gloire !
Malheureusement, ce qu’il y a de tragique avec les vacances, c’est que ça se termine !
Moi-même, j’ai goûté aux joies de l’amourette passagère. Il s’appelait Peter, c’était un Anglais qui passait toutes ses vacances ici. Ça tombait bien (ou mal mais ça je n’y pensais pas à l’époque), moi aussi ! Il était beau Peter ! Je l’avais vu remonter la plage avec sa planche de body surf et mater mon beau fessier de l’époque en passant alors que je faisais mine de dormir sur ma serviette… Ça avait été le coup de foudre ! Le soir, on se retrouvait comme par hasard à la discothèque du village. Du haut de mes 15 ans, je faisais croire au videur que j’en avais 3 de plus pour oser entrer. Il m’avait payé une Desperados, j’étais complètement pompette. On s’était embrassés dans une balancelle dans une soirée deux jours plus tard. J’avais appris 2 ou 3 gros mots cool en anglais. Cœur, cœur, love ! A la fin de l’été, il n’avait pas voulu me donner son bracelet fétiche mais me jurait que ça ne changeait rien à notre amour.
On s’est revu l’été suivant. Il était maqué. Et celui encore d’après, il était maqué mais jalousait ma nouvelle relation d’été avec François. Le suivant, je pleurais le soir dans mon lit parce que Peter ne s’intéressait plus à moi. Plusieurs fois, nous avons reparlé de cet été-là.
Quelques étés plus tard, je vois toujours Peter en vacances. Il est sacrément beau, bien musclé, des yeux magnifiques et des oreilles un peu moins décollées que dans sa folle jeunesse. J’ai tourné une page sur Peter. Pourtant, quand je le vois, je suis toujours nostalgique de nos épopées fougueuses. Je sais qu’il ne se passera plus rien entre lui et moi (crotte !), mes quelques kilos amoncelés et sa non-maturité ayant mis de la distance entre nous.
Je crois que c’est ça la magie des amours de vacances. On en fait toute une histoire et puis au final, on en garde des souvenirs incroyables…
Et toi, tu pratiques l'amourette de vacances ?
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