Une « défiance injustifiée ». C’est ainsi que le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a qualifié les réserves émises par certains membres du corps médical contre le Gardasil et le Cervarix, les deux principaux vaccins utilisés en prévention des lésions précancéreuses du col de l’utérus. Invité en avril dernier par la Direction Générale de la Santé à se prononcer sur l’efficacité des deux vaccins, le HCSP s’est montré rassurant quant à leur utilisation pour lutter contre les papillomavirus humains (HPV), ces virus responsables dans 70% des cas des cancers du col utérin.
« Les données internationales démontrent en situation réelle une efficacité vaccinale sur la prévalence des infection à papillomavirus, l’incidence des condylomes et des lésions pré-cancéreuses (grade B) », explique dans son rapport le HCSP.
L’instance d’expertise affirme également qu’à l’heure actuelle, les données de pharmacovigilance disponibles avec un recul d'utilisation de plus de sept ans et plus de 170 millions de doses délivrées dans le monde (dont 5,8 millions en France) « ne permettent pas de retenir l'existence d'un lien de causalité entre cette vaccination et les évènements indésirables graves qui lui ont été attribués en France, notamment la sclérose en plaques et d'autres maladies auto-immunes […] Ces croyances entretenues par certains médecins et fortement relayées par les médias ont suscité une défiance tout à fait injustifiée vis-à-vis de cette vaccination ».
Actuellement, la vaccination contre les papillomavirus est recommandée en France chez les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans, avec un rattrapage jusqu’à 19 ans révolus. Cependant, à la l’inverse de nombreux autres pays, la couverture vaccinale tend à reculer dans l’Hexagone depuis 2010. Ainsi, en 2011 ans, 27% des jeunes filles de 16 ans avaient reçu une vaccination complète, tandis qu’elles ne sont plus que 20% dans le même cas en 2013.
Cette faible couverture vaccinale contre les papillomavirus « ne permet pas de bénéficier de l'efficacité constatée dans d'autres pays », estime le HSCP qui propose d’instaurer « une offre vaccinale en milieu scolaire », comme c’est actuellement le cas au Royaume-Uni et en Australie.
Le HSCP n’exclut pas non plus d’abaisser l’âge de vaccination 9 ans « si cette mesure était susceptible de favoriser la mise en place d’un tel programme ». Enfin, le HCSP explique qu’il est nécessaire de mettre en œuvre un programme national de dépistage organisé des cancers du col utérin, car la vaccination ne protège pas contre tous les types de papillomavirus à l’origine des cancers.
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