Votée début 2011, la loi Copé-Zimmermann impose un quota de femmes dans les conseils d'administration des grandes entreprises : 20% d'ici janvier 2014 et 40% d'ici janvier 2017. 650 sociétés cotées sont concernées, ainsi que les sociétés employant au moins 500 salariés ou réalisant un chiffre d'affaires d'au moins 50 millions d'euros. Inspirée du rapport de Brigitte Grésy, Inspectrice générale des affaires sociales, cette loi a eu des effets directs : le taux de féminisation des conseils est en effet passé de 10% en 2009 à 20,8 % en juin 2011, contre 15,3 % un an plus tôt. Un rééquilibrage qui pourrait, à l’horizon 2017, s’acheminer vers le modèle norvégien qui compte aujourd'hui 44% de femmes dans les conseils d’administration. Avec un bémol toutefois, puisque l’année 2012 est marquée par un ralentissement de la présence des femmes dans les conseils d'administration du CAC 40. Deux fois moins de femmes ont été nommées par rapport à 2011, selon le baromètre annuel de Capitalcom.
À l’issue de la saison des assemblées générales, le taux de mixité des conseils atteint en effet 23,4%. Sur 552 mandats d’administrateur, 110 femmes (contre 105 en 2011) se partagent 129 mandats (contre 119 mandats en 2011). Un essoufflement qui s’explique aussi par une réduction du nombre global de mandats d’administrateur, d’une part ; et l’augmentation du nombre de femmes cumulant plusieurs mandats, d’autre part (15 femmes, soit un chiffre en hausse de 25%). En tête des conseils d’administration « mixtes », Publicis conserve la première place (50% de femmes contre 43,8% en 2011), suivi par BNP Paribas (35,7% vs 31,3%).
Au-delà des aspects quantitatifs, la principale difficulté pour les femmes administratrices reste d’ordre culturel. Il faut apprendre les codes de ces cercles, jusqu'alors composés quasi-exclusivement d'hommes… Une formation a d’ailleurs vu le jour à l'Essec (Women Be European Board Ready) pour préparer les femmes à ces postes de pouvoir. Objectif : comprendre que les femmes sont parfaitement légitimes à occuper ces fonctions, qu'elles en ont la compétence mais qu'elles n'osent pas entrer dans un monde très masculin, où la cooptation et les réseaux sont la règle. Une problématique encore plus vive dans l’univers des ETI (Entreprises de taille intermédiaire) et des PME, également concernées par la loi de janvier 2011 sur les quotas, mais qui reste aujourd'hui invisible. Outre un rééquilibrage, l'arrivée des femmes pourrait amorcer un renouvellement des générations : alors que la moyenne d’âge des administrateurs est environ de 65 ans, les femmes qui suivent la formation de l'Essec ont plutôt entre 40 et 50 ans. Par ailleurs, l’entrée des femmes dans les CA pourrait évoluer vers une cooptation plus transparente et objectivée grâce à des critères mieux définis. La parité pourrait ainsi créer une vraie professionnalisation tant dans les modalités de sélection que dans la pratique de la gouvernance. Et, contrairement à ce que l’on peut observer dans le CAC40, où certaines femmes nommées ressemblent beaucoup à leurs collègues masculins, ont les mêmes formations et les mêmes parcours, l’arrivée des femmes dans les CA des PME devrait permettre de diversifier les profils. Un facteur de performance pour la croissance des entreprises.
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