Arnaud Franquinet : S'il est vrai que prise globalement, l'évolution peut paraître décevante, je note toutefois que le pourcentage de femmes dans les économies dynamiques (BRIC, ASEAN) est bien supérieur à 24% puisque de l'ordre de 30%. On peut donc parier sur une dynamique positive. C'est effectivement curieux de relever que les pays du G7 où l'accès des femmes à l'éducation supérieure à parité dans de nombreuses filières est un fait acquis depuis plusieurs décennies, peinent à avoir plus du quart de femmes dans les instances de direction. L'autre enseignement positif de l'enquête réside dans l'analyse des postes occupés par les femmes dans les comités de direction : le pourcentage de directeurs financiers est enfin significatif (30% ex aequo avec les directions des ressources humaines). Il est important de savoir que l'un des grands freins à l'accès aux fonctions de direction générale est la non-maîtrise du langage financier par les prétendant(e)s, qu'ils soient femmes ou hommes d'ailleurs ! Que la proportion de femmes augmente dans les fonctions supérieures financières des organisations est plutôt de bon augure. Nous avons de bons espoirs de voir croître le pourcentage de femmes dans les fonctions d'encadrement et de direction dans les années futures.
A. F. : Je crois en effet que c'est avant tout l'environnement culturel qui est un facteur clef de succès : à partir du moment où vous posez la diversité de réflexion non pas comme un facteur de ralentissement mais au contraire comme un facteur d'enrichissement mutuel et une source de création de richesse, on bascule dans une optique différente. Plutôt que de se plier à une efficacité de court terme (endogamie), les organisations doivent viser le développement d'une richesse dans le temps, durable... Il faut donc privilégier la création de valeur à l'efficacité court-termiste et mixer les approches différenciantes, seules sources d'enrichissement, à commencer par le genre ! La culture d'une part, la pénurie de talents de l'autre, contribuent certainement à privilégier l'application de ces critères de choix dans le recrutement des postes à responsabilités dans les pays connaissant un fort développement économique.
A. F. : Effectivement si l'on observe une assez bonne corrélation entre le nombre de femmes dans les postes du top management et le nombre de femmes dans les comités de direction, en revanche la flexibilité des horaires ne semble pas un facteur déterminant. L'étude montre parfaitement que les pays qui ont les plus hauts scores de femmes dans les postes élevés, sont en proportion les moins utilisateurs d'horaires flexibles. Cela peut sembler paradoxal mais croire que la flexibilité, souvent présentée comme la panacée, pourrait casser le plafond de verre, c'est faire un peu trop rapidement fi des réalités du terrain et/ou culturelles. Le plafond de verre s'exprime avant la porte de l'entreprise !
A. F. : Force est de constater que dans nos économies, les choses n'avancent pas vite : 26% de femmes à des fonctions de top management pour la France, c'est ridicule à l'aune du nombre de femmes diplômées du supérieur et des filières d'excellence ; les disparités de salaire, à responsabilités identiques, sont une autre facette du problème... Le gouvernement français a eu recours à l'instauration de quotas pour faire bouger les lignes mais il est clair qu'il faut ouvrir un grand chantier pour que culturellement nous puissions dépasser cette première approche et nourrir des viviers de talents féminins en haut des pyramides (top management) de manière, lors des nominations, à ne plus se poser de questions sur le sexe mais uniquement sur les compétences ! Personnellement, je ne suis pas favorable à l'établissement de quotas car cela ne fait que renforcer les réflexes endogamiques et statutaires évoqués précédemment : la nomination d'une femme à un poste à responsabilités doit-elle se faire sur ses compétences ou sur son genre ? Pour moi, seule la première réponse est légitime.
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