L’égalité professionnelle passera - aussi - par les hommes. Tel était le message porté ce vendredi lors de la conférence organisée par l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE) en partenariat avec le Medef baptisée « Hommes, acteurs et sujets majeurs de l’égalité professionnelle ». Le but : présenter une étude portant sur le rôle des hommes dans l’évolution vers la parité ainsi que l’ébauche de solutions concrètes. « L’entreprise doit être un passeur de genre », affirme ainsi Françoise Holder, présidente du comité hommes-femmes du Medef, présente lors de la table ronde organisée vendredi matin. Sa priorité ? Voir adopter des comportements différents dans la sphère professionnelle. Afin de faire de l’égalité professionnelle une réalité, le Medef suit ainsi quatre axes de recommandations, le premier étant de tenter de « faire évoluer les mentalités en cassant les stéréotypes qui peuvent exister dans l’entreprise ». Autre axe essentiel de toute politique égalitaire : favoriser la conciliation vie pro vie perso. « Qu’une femme qui veut faire carrière puisse faire carrière », souligne Françoise Holder, qui estime indispensable de donner aux femmes « la possibilité d’oser ». De même, le comité égalité hommes-femmes du Medef insiste sur la mise en place de politiques managériales de réduction des écarts de salaires. « Aujourd’hui sur le marché du travail, une femme vaut moins cher qu’un homme », souligne Françoise Holder. « On ne regarde pas ce que les femmes ont dans la tête mais ce qu’elles auront dans le ventre », dénonce-t-elle, en faisant allusion aux discriminations liées à la maternité.
Également présent, Daniel Lebègue, président de l’ORSE, a rappelé les enjeux d’une mobilisation des hommes. D’où l’importance de mieux identifier les résistances, souligne-t-il. « Les femmes travaillent cinq fois plus que les hommes à temps partiel ; les écarts de salaire, à compétences et temps de travail égaux, sont de près de 10% et la dynamique de rattrapage est au point mort. Les femmes sont surreprésentées dans les métiers mal payés et peu qualifiés » : autant de données rappelées par le guide édité par l’ORSE, qui souligne que « mettre les hommes dans la boucle de l’égalité est une condition sine qua non pour avancer ». « Si 30 ans après la première loi sur l’égalité hommes-femmes rien ou presque n’a changé, il est clair que c’est parce que les hommes ne se sont pas assez sentis concernés, on ne les a pas assez impliqués », commente quant à elle Soumia Belaidi, présidente d’honneur de l’AFMD (Association française des managers de la diversité). Impliquer les hommes donc, mais également dépasser les normes dites « masculines » qui régissent par tradition le domaine professionnel, et qui sont des comportements attendus et stéréotypés. « Pour s’adapter, les sociétés vont être obligées de se féminiser », analyse l’ancienne ministre Roselyne Bachelot, très engagée sur la question de l’égalité professionnelle. Selon elle, dans un domaine professionnel dominé par les hommes, les femmes ont dû, pour s’imposer, développer des méthodes bien à elles. Autant de techniques de management ou de direction qui ont fait leurs preuves : « Ces sont les entreprises les plus féminisées qui ont le mieux résisté à la crise », rappelle-t-elle. Et de conclure : « Messieurs, appropriez-vous les valeurs féminines ! »
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