À 19 ou 20 ans, Patrick Modiano vend des livres. « Certaines écritures étaient faciles à imiter, comme celles de Paul Valéry ou de Malraux. J'ai fait ça trois ou quatre fois pour gagner de l'argent […] Un jour, dans la vitrine d'une librairie, rue de Vaugirard, j'ai vu un livre de Robbe-Grillet, dédicacé à je ne sais plus qui, et j'ai reconnu ma signature ! Parfois la réalité rattrape la fiction : je me rappelle avoir imité une dédicace de Beckett pour un chansonnier des années 1960, Pierre-Jean Vaillard, je crois. En fait, ils se connaissaient, je l'ignorais... », a raconté l’auteur il y a quelques années à L’Express.
« San Salvador », « À cloche-pied sur la grande muraille de Chine » mais surtout la très célèbre « Étonnez-moi Benoît ». « L’aspire-à-cœur » et « Sur le toboggan » chantées par la reine de la nuit Régine ont également été imaginées par Modiano.
En 2004, Modiano devient le personnage principal d’une chanson de Vincent Delerm. Le pitch : Vincent Delerm va boire quelques mojitos près du square Carpeaux et croise le grand auteur en imper gris. « L'idée m'est venue le jour où quelqu'un s'est retourné sur moi dans la rue. J'ai pensé : "Tiens, personne ne reconnaîtrait Modiano" », a confié Vincent Delerm à L’Express cette année-là.
Patrick Modiano épouse Dominique Zehrfuss le 12 septembre 1970. « Je garde un souvenir catastrophique de la journée de notre mariage. Il pleuvait. Un vrai cauchemar. Nos témoins étaient Queneau, qui avait protégé Patrick depuis son adolescence, et Malraux, un ami de mon père. Ils ont commencé à se disputer à propos de Dubuffet, et nous on était là comme devant un match de tennis ! Cela dit, ça aurait été amusant d’avoir des photos mais la seule personne qui avait un appareil a oublié de mettre la pellicule. Alors il ne nous reste qu’une seule photo, de dos et sous un parapluie! », a raconté Dominique Zehrfuss à Elle en 2003.
Modiano a été proche de Françoise Dorléac et de Catherine Deneuve. En 1996, il cosigne avec cette dernière le livre hommage Elle s'appelait Françoise (publié trente ans après la mort de Françoise Dorléac). Peu de temps après, l’interprète de Belle de jour demande à Modiano de jouer le rôle de son frère dans le film Généalogies d’un crime de Raoul Ruiz.
En 2010, Patrick Modiano signe dans Libération une critique du film Une éducation de Lone Scherfig : « Pourquoi ce film m’a-t-il fait une impression si forte ? Pourquoi, à la sortie du cinéma, étais-je si absorbé, au point de manquer me faire écraser en traversant la rue de Rennes par une voiture qui me semblait être la Bristol couleur bordeaux que conduisait David, ce type louche avec qui l’héroïne connaît sa première histoire d’amour ? […] Une éducation me reliait par un cordon Bickford à ma propre adolescence. La fille avait exactement mon âge. J’avais vécu des situations semblables à celles que cette Jenny traverse », écrit-il alors.
À l’occasion de la publication du roman L’Horizon, Le Monde Magazine publiait en mars 2010 deux pages sur le Paris de Modiano. Les spots préférés de notre grand auteur : les escaliers qui mènent au square du Vert-Galant (sous le Pont-neuf), la rue Cuvier (Ve), la rue Berthe (aux Abbesses) et l’étroite rue des Eaux dans le XVIe.
Devant la librairie Shakespeare and co en 1996 / Crédit photo : AGENCE / BESTIMAGE
Patrick Modiano fait toujours taper ses manuscrits et utilise les ordinateurs avec beaucoup de parcimonie. Il ne sait même pas envoyer un mail, confiait-il à L’Express en 2010. Pour retrouver d’anciennes connaissances, il a une méthode bien plus poétique : « De manière un peu enfantine, il m'arrive de donner dans mes romans de vrais noms à mes personnages, en espérant que les personnes me donnent signe de vie. Mais cela n'a jamais abouti ».