Afin d'étudier l'impact des devoirs à la maison, Gerald K. Le Tendre, un professeur américain, s'est penché sur cette pratique dans le monde en compagnie de ses collègues. Pour ce faire, il a utilisé une étude baptisée Trends in Math and Science Study (TIMMS) et réalisée en 2007. Il a exposé ses conclusions dans un texte publié sur le site Quartz.
Premier constat : les devoirs à la maison sont universels. Ainsi, dans les 59 pays qui ont participé à cette enquête TIMMS qui a servi de base de données aux chercheurs, tous les étudiants avaient des devoirs à faire chez eux. Pour autant, les enfants n'avaient pas du tout la même quantité de travail d'un pays à l'autre. Ce qui donne parfois des surprises... Par exemple, dans certains pays comme l'Algérie, le Koweït et le Maroc, un élève de CM1 sur cinq rapportait avoir énormément de devoirs à la maison, alors qu'au Japon, moins de 3% des écoliers indiquaient passer plus de 4 heures à travailler un soir de semaine normal.
Plus intéressant, cette étude montre qu'il n'y a pas de corrélation entre la quantité de devoirs à la maison et la réussite scolaire. A titre d'exemple, aux Pays-Bas, près d'un élève de CM1 sur cinq a déclaré dans le cadre de l'enquête ne pas avoir d'exercices à faire à la maison. Or la Hollande est arrivée dans les 10 premiers pays en termes de résultats en mathématiques en 2007.
En passant au peigne fin les chiffres de cette enquête, le professeur Le Tendre a également découvert que les pays où la quantité de travail à la maison est la plus élevée sont ceux où les revenus sont les plus bas et où les inégalités sociales sont les plus importantes.
Surtout, l'étude TIMMS permet de démontrer que, même à l'école primaire, les écoliers sont écrasés par le travail. Près de 10% des élèves de CM1 à travers le monde passent plusieurs heures chaque soir à faire des exercices pour le lendemain ; plus précisément, un élève sur cinq a déclaré passer plus de 30 minutes à faire des maths chaque soir, et ce trois à quatre soirs par semaine.
Or les études ont démontré qu'une trop grande quantité de devoirs a des effets sur le sommeil et le stress. Ainsi des élèves de primaire peuvent être affectés négativement par une charge trop importante de devoirs à la maison qui les force à étudier plus de 30 minutes par soir.
Pour le professeur Le Tendre, il est temps que les chercheurs et les politiques s'intéressent aux liens entre la pauvreté, les inégalités et les devoirs à la maison. Plutôt que de voir les devoirs comme une solution aux problèmes scolaires, ils devraient comprendre pourquoi dans certains établissements la charge de travail est si élevée.
Quant aux professeurs, ils devraient s'assurer que la quantité de travail qu'ils donnent n'est pas trop lourde pour les élèves. Pour Le Tendre, les devoirs sont en effet trop souvent utilisés par les enseignants pressurisés pour faire rattraper à leurs élèves ce qu'ils n'ont pas réussi à traiter en classe. Or le fait d'être submergé par le travail à faire chez soi nuit à la réussite scolaire. Le serpent qui se mord la queue...