Une poignée de main, une tape sur l'épaule, un petit signe... Il existe différentes manières de dire bonjour, que l'on va bien sûr adapter en fonction de notre degré de proximité avec la personne. Mais la tradition la plus courante reste probablement "la bise".
Si faire la bise au boulot peut paraître un peu étrange, voire carrément obsolète, cela semble plus naturel avec nos ami·es ou avec des membres de notre famille. Certain·es vont d'ailleurs voir d'un mauvais oeil ceux et celles qui refusent de tendre la joue et qui se contentent d'un sourire (pourtant avenant) pour saluer.
Mais voilà, sachez que beaucoup de personnes n'aiment tout simplement pas ça. Et, non, cela n'a rien à voir avec de l'impolitesse, souligne Marguerite, 29 ans, Parisienne.
"Je n'aime pas faire la bise parce que j'y vois une obligation de proximité physique. Je n'ai pas envie de toucher les gens. J'ai envie de rester dans mon espace. On passe pour une asociale alors que ça n'est pas du tout le cas, tu peux être bien avec les gens sans avoir l'obligation de leur faire la bise", nous explique-t-elle.
Et elle est loin d'être la seule à adopter ce point de vue : il suffit de jeter un oeil aux (nombreux) forums de discussion sur le net pour constater que ce sujet fait l'objet d'un vrai débat et que beaucoup de personnes ne sont pas vraiment fana de cette pratique.
"Je rêve de la généralisation de la poignée de main. Il y aussi un côté militant. J'en ai ras-le-bol du précepte selon lequel on fait la bise aux filles et on sert la main aux garçons. Souvent, je tends ma main à des garçons qui ne comprennent pas ce geste et en sont tout surpris", note Marguerite.
En effet, la bise relève d'une ancienne pratique purement sexiste. Vous trouvez cette affirmation un brin exagérée ? Pourtant, la tradition veut qu'on embrasse les femmes sur les joues en guise de bonjour mais qu'on sert la main à un homme. Autrement dit, on ne voit pas le problème de s'immiscer dans l'intimité de la femme, mais on impose une distance quand on s'adresse au sexe opposé. CQFD.
La question de "faire la bise ou non" a été remise en cause de nombreuses fois ces dernières années, notamment dans le cadre du travail. En janvier dernier, Aude Picard-Woff, mairesse de la commune de la Morette (Isère), avait jeté un pavé dans la mare en militant pour abolir la bise dans le cadre professionnel.
"Le rituel de la bise me pèse et me gêne. Je préférerais réserver la bise à mes proches, mes intimes, mes amis. Or aujourd'hui, c'est un geste qui est devenu systématique et qui ne signifie plus rien", expliquait l'élue municipale au Parisien.
Si ces propos n'ont pas plu à tout le monde, ils ont toutefois fait réagir de nombreuses femmes sur les réseaux sociaux, qui ont révélé à leur tour qu'elles n'aimaient pas faire la bise au boulot.
Marguerite nous raconte un désagréable souvenir : "Dans mon ancien boulot, mon chef m'avais reproché de ne pas faire la bise le matin à tout l'open space : c'est-à-dire à vingt personnes ! Alors, je m'arrangeais pour arriver dans les premières pour ne pas devoir faire la bise à tout le monde d'un coup".
À l'inverse, Aude Picard-Wolff a avoué arriver en retard au conseil communautaire, dans le seul but de ne pas se retrouver à faire la bise à 73 conseillers. Changer son heure d'arrivée au travail, simplement pour échapper au rituel de la bise ? On vous l'accorde, ce n'est pas normal d'en arriver là.
Dernier argument (mais non des moindres) "anti-bise" avancé par Aude Picard-Wolff : cette petite habitude en apparence anodine nous expose à la propagation de toutes sortes de bactéries et de virus.
Quoique c'est un peu le même principe qu'avec une poignée de main, nous direz-vous... Dans ce cas, pourquoi pas se cantonner à un sourire chaleureux en guise de bonjour ?