Le point commun entre une salle de concert, un cinéma, un aéroport et un bar ? La file d'attente devant les toilettes pour dames. Et, alors qu'on poirote dix bonnes minutes pour espérer soulager sa vessie, les WC des hommes, eux, sont toujours disponibles et ces messieurs n'ont pas à patienter pour passer sur l'urinoir. Là-bas, tout est fluide.
Et puis, lorsqu'enfin on accède au Graal, il nous reste à empiler les feuilles de papier sur une lunette à la propreté plus que douteuse ou à faire pipi en équilibre pendant qu'une amie nous tient la porte, car bien souvent, celle-ci ne se ferme pas à clés. C'est sur que quand on urine debout et qu'on a pas à se débrailler, ça facilite le travail...
Pourquoi il y a-t-il toujours de l'attente chez les nanas et pas chez les mecs ? C'est vrai ça, les toilettes des hommes et des femmes font exactement la même taille : comment se fait-ce donc que les nôtres soient continuellement prises d'assaut ? D'abord, parce que les femmes doivent s'asseoir quand les hommes n'ont qu'à ouvrir leur braguette, qu'elles portent souvent des fringues plus compliquées à enlever ou encore parce qu'elles ont besoin de changer de protection périodique pendant leurs menstruations. Résultat : tout ceci rallonge considérablement le temps passé sur le trône. Et puis, s'il est vrai que les WC des hommes et des femmes font exactement la même taille, leurs urinoirs prennent moins de place et sont donc souvent plus nombreux.
>> Suède : une loi pour interdire aux hommes de faire pipi debout en débat <<
Pire que le temps d'attente, le manque, l'absence ou l'éloignement des toilettes pour femmes au sein de certains lieux sont à pointer du doigt. Un article du Time relève ainsi un extrait d'un document sur les toilettes et la justice sociale, rédigé par la chercheuse Judith Plaskow : « Non seulement l'absence de toilettes pour femmes signifie leur exclusion de certaines professions et lieux de pouvoir, mais il fonctionne aussi comme un argument explicite contre l'embauche de femmes au sein d'organisations précédemment exclusivement masculines ». Parmi les exemples cités, on retrouve l'école de médecine de Yale et la faculté de droit de Harvard. Rien que ça !
D'après Soraya Chemaly, l'auteur de l'article du Time traitant du sexisme dans les toilettes publiques « Nous sommes debout, à attendre dans la file parce que nos corps, comme ceux des personnes trans et queer, ont été historiquement négligés, ignorés, et jugés indignes de soins et de reconnaissance. Nous ne devrions pas avoir à attendre ou à reporter nos besoins. »
>> Sexisme : l'éducation anti-macho en 5 leçons <<
Alors, faudrait-il installer plus de toilettes et les disposer dans plus d'endroits ? Voila qui nous éviterait d'avoir à nous retenir continuellement ou à faire notre petite commission, accroupie entre deux voitures, sous l'aimable surveillance de nos copines.
Le Time révèle par exemple qu'aux États-Unis, les lois évoluant rapidement, des solutions organiques ont été mises en place. Dans les écoles et les collèges, on trouve désormais un toilette « neutre » aux côtés de ceux réservés aux garçons et aux filles. Alors, à quand la même chose en France ?
On pourrait aussi songer à créer des toilettes pour enfants. Deux avantages : le premier, c'est que ça évacuerait la file d'attente aux WC et l'autre, c'est que les enfants ne seraient plus cloisonnés à faire leurs besoins aux "ladies room". Et, les papas pourraient également prendre le relais.
Vers la démocratisation des toilettes mixtes ?
Plus de bonhommes stéréotypés sur les panneaux, ni de WC bleus ou roses, les toilettes mixtes mettraient fin aux rivalités de genres. Cela contraindrait aussi les mecs à faire plus attention en "visant", voire, à s'asseoir. C'est déjà le cas en Suède, en Allemagne ou à Taïwan, et l'hygiène n'en ressort que meilleure pour tous. Le risque ? Imposer à tout le monde de faire plus la queue et se mettre les mâles à dos. Remarque, on peut aussi forcer la mixité en arrêtant de se tordre sur place et en filant faire pipi chez les hommes.
D'ici à ce que tout le monde s'accorde, la solution serait-elle la généralisation du pisse-debout ?
>> Égalité des sexes : la France peut mieux faire... sur les tâches ménagères <<