Depuis cette terrible soirée du 13 novembre, on ne peut pas s'en empêcher : pour comprendre ce qui s'est passé à Saint-Denis, dans les rues de Paris et du Bataclan, pour suivre le déroulement de l'enquête et des assauts des forces de l'ordre, et découvrir l'identité des terroristes, notre téléviseur reste branché, parfois des heures durant, sur iTélé ou BFMTV. Et l'on redécouvre encore et encore mais toujours avec effroi, les mêmes images et les mêmes témoignages des survivants des attentats.
Compréhensible, cette tendance à regarder en boucle les chaînes d'info en continu, à scruter Internet et à ouvrir compulsivement les alertes des sites d'information sur son mobile peut pourtant être dévastatrice. Dans un article publié par Forbes, et relayé par Slate et Courrier International , la journaliste spécialiste des questions de santé Tara Haelle met en garde contre les conséquences de ce trop-plein d'informations anxiogènes. "Le stress dû aux informations sur des catastrophes peut avoir un impact négatif très important sur la santé mentale et émotionnelle, et les effets peuvent durer plus longtemps que les gens ne l'imaginent", affirme-t-elle.
En regardant en boucle des images qui sont parfois d'une extrême violence, le spectateur n'est pas à l'abri de ressentir, comme les victimes de ces catastrophes, un immense stress. Avec, en arrière-pensée, l'idée que "ça aurait pu être moi". Le risque en effet, lorsque survient ce type d'événements, est de s'associer trop fortement à ce qu'ont vécu les victimes et les témoins.
"Regarder des images de Paris peut être particulièrement difficile parce que manger au restaurant ou assister à un match de foot sont des événements communs auxquels beaucoup d'entre nous participent", explique Forbes, qui pointe les conséquences de telles images sur notre santé et les symptômes tels que les troubles du sommeil, l'anxiété, la détresse psychologique ou même la dépression.
Un point de vue que partage Robert Ursano, président de la commission sur la dimension psychiatrique des catastrophes à la Société américaine de psychiatrie. "Plus vous voyez de similarités entre les victimes et vous, [...] plus votre niveau de détresse psychologique est élevé", explique-t-il sur CBS News .
Lors des attentats de janvier contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher, MetroNews avait donné la parole à Hélène Romano, psychologue référente de la cellule d'urgence médico-psychologique du Val-de-Marne qui appelait à faire attention à la manière dont on s'informe. "Tant qu'il y a une explication et une réflexion, c'est rassurant. Mais l'image en direct à l'état brut, c'est à risque. Le journaliste découvre l'image en même temps que les téléspectateurs, n'en sait pas plus qu'eux. C'est une source traumatique", notamment chez les personnes sensibles.
Pour éviter un trop grand stress, Hélène Romano conseillait alors de privilégier la presse écrite, papier ou en ligne, ainsi que la radio pour se tenir informé. "Soyez acteur de votre information", recommandait-elle.