






"On critique toujours plus les meufs que les mecs"
Depuis des années, il captive son très large public avec ses décryptages limpides des phénomènes musicaux - mouvements, one hit wonder, artistes, groupes. Sur YouTube, Seb, anciennement Seb la Frite, déploie son érudition en s'attaquant autant à la culture rock et rap qu'à la pop music. C'est un art qui lui parle beaucoup - il est lui-même musicien - et ce qui l'intéresse, ce sont les coulisses.
Et pas juste les dessous de l'industrie : mais aussi, ce qu'exprime le public. Preuve en est, l'espace d'une longue conversation sans filtre en compagnie d'Elise Lucet, emblématique visage de Cash Investigation, le YouTubeur s'est autorisé une percutante analyse sociologique. En défendant ce que l'on nomme communément les "groupies" : les fans féminines d'un artiste, d'un groupe...
Trop souvent victimes de sexisme, voire de misogynie décomplexée, dénonce le jeune homme. Qui voit là une bonne grosse discrimination de genre. Pourquoi ? Il explique, en comparant les supporters d'équipes de foot aux aficionados des boys band...
Seb connaît bien la réalité du sexisme : son illustre moitié, Léna Situations, influenceuse, égérie fashion et créatrice de contenus parmi les plus suivies en France, subit des attaques en ligne d'un sexisme crasse. Ce sexisme là, le YouTubeur le retrouve dans la musique.
Et parmi tous les préjugés dont le public féminin fait l'objet.
Il raconte : "On critique moins les mecs qui sont fans de foot que les filles qui aiment les boys bands. Il arrive qu'on déteste moins les groupes ou les artistes que leurs fans...". Preuve en est, la manière dont ces jeunes femmes sont dépeintes dans les médias. Hurlantes, agitées, moquées, pour leur passion et la manière dont elles viennent l'exprimer face aux caméras. On en revient à tellement de stéréotypes d'un autre âge, alors que les hommes qui soutiennent massivement leur équipe dans les gradins ne sont pas moins... "Hystériques".
Seb prend l'exemple des boys band comme les 2be3 (nostalgie !), au coeur d'un reportage que lui partage Elise Lucet. Quelques bellâtres qui ont pu susciter "de la jalousie de la part des mecs, de la misogynie aussi, alors qu'un fan de foot peut lui aussi exprimer la même ferveur", décrypte le mélomane, s'amusant tout de même du côté burlesque si ce n'est "folklorique" du documentaire.
Mais pour le jeune vidéaste, le phénomène des groupies, naturellement, n'est pas né dans les années 90, et dès les années 60, un phénomène pop comme les Beatles suscitait une même fièvre... Et en contrechamp, déjà, une véritable détestation des fans... Féminines. Comme par hasard.
Bien des téléspectatrices sont d'accord avec lui. L'une d'entre elles abonde : "oui, on déteste les fans mais surtout les femmes, les "groupies" qualifiées d'hystériques et d'allumeuses. Etre fan de sport contrairement aux boys band c'est normalisé et davantage accepté socialement, mais si une femme est fan de sport elle va encore se heurter a une nouvelle forme de sexisme !"
Difficile de donner tort à cette analyse. En fait, la réalité lui donne même raison. Une enquête de Ouest France dénonce le sexisme dans le foot et le décryptage est implacable, témoignages à l'appui : les réactions à l'encontre des supportrices comme "Mais qu'est-ce que t'y connais", "Ah ouais t'aime le foot toi ?", ou encore l'époustouflant d'originalité "Retourne en cuisine !" abondent dans les stades. Le constat est net, précis : "C'est un fléau dans les stades, qui sont un reflet de la société actuelle dans laquelle le patriarcat a de beaux jours devant lui..."