Pendant cinq ans, de 1976 à 1981, il fut l’un des hommes les plus importants de l’histoire contemporaine espagnole. De l’autre côté des Pyrénées il symbolisait le courage à l’état pur, le plus fervent défenseur des valeurs de dialogue et de consensus. En 1976, Adolfo Suarez a été chargé par le tout nouveau roi d’Espagne, Juan Carlos, de mettre fin aux années Franco, décédé en 1975, et d’assurer la transition vers la monarchie parlementaire. Il a dû faire face aux nombreux opposants à ce changement, de l’extrême droite aux terroristes de l’ETA et du GRAPO en passant par les franquistes convaincus qui ne voulaient pas tourner la page.
« Je suis en condition d’offrir au Roi ce qu’il m’a demandé », annonça-t-il. Le politique le plus solitaire de la démocratie a été, à 43 ans, à la tête du deuxième gouvernement du Roi, à partir du 15 juin 1977. En fonction, il a directement amnistié de nombreux prisonniers politiques, autorisés les partis et les syndicats qui luttaient pour la démocratie (socialistes et communistes en tête) et a mis fin aux franquistes. Avec à sa tête Suarez, l'Espagne a établi un plan d’assainissement de son économie et les statuts de préautonomie de la Catalogne, du Pays Basque et de la Galice ont été rédigés lors des Pactes de la Moncloa, avec le consensus de tous les partis politiques. En 1979, avec le triomphe de son parti, l’UCD aux élections, il devient le premier président constitutionnel.
Il démissionnera en janvier 1981 suite aux trop nombreuses critiques dont il est victime. Par la suite, il gardera un rôle important dans la vie politique espagnole, jusqu’à ce que son parti perde du poids. Il restera néanmoins un des grands personnages de l’histoire contemporaine espagnole. Victime d’un cancer puis de la maladie d'Alzheimer, Adolfo Suarez est décédé ce dimanche dans une clinique de Madrid à l’âge de 81 ans. Le Roi Juan Carlos a immédiatement réagi à cette nouvelle en exprimant « sa douleur » et en nommant Adolfo Suarez « Homme d’Etat », à titre posthume.