« Sa contribution à l'émancipation d'une génération de Françaises est immense, et continuera d'inspirer longtemps celles et ceux qui s'engagent pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes », a réagi la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, en apprenant le décès d’Antoinette Fouque, une des figures du féminisme en France. En réaction contre le virilisme du mouvement étudiant, elle avait fondé en octobre 1968, le Mouvement de libération des femmes avec Monique Wittig et Josiane Chanel.
Sa vie s’est résumée à défendre le droit des femmes. Cinq ans après le MLF, la Marseillaise avait créé les éditions des Femmes, fondé et animé le groupe « Psychanalyse et Politique », l’un des courants majeurs du féminisme en France, au sein du MLF. Pour Antoinette Fouque, « le mouvement de libération des femmes est un mouvement qui s'attaque à l'omnipotence d'une culture phallocentrée, c'est-à-dire qu'il fallait déconstruire. »
Pourtant, Antoinette Fouque ne se destinait pas à cette carrière. Né en 1936, elle a été diplômée d'études supérieures de lettres et docteur en sciences politiques et commença une carrière d’enseignante en 1961. Parallèlement, à partir de 1964, elle devint critique littéraire et traductrice notamment aux Cahiers du Sud et à La Quinzaine littéraire. Elle s’est également engagée sur le terrain politique. Elle préside l'Alliance française de San Diego aux Etats-Unis (1986-1988), avant de fonder en 1989 L'Alliance des femmes pour la démocratie, dont elle sera présidente. Elle est également chargée de mission auprès de Michèle André, secrétaire d'Etat aux Droits des femmes en 1990, et fonde deux ans plus tard le club Parité 2000, avant d'être élue au Parlement européen en 1994, sur la liste « Energie radicale » de Bernard Tapie.
Au Parlement européen, elle était vice-présidente de la commission des Droits de la femme, et déléguée de l'UE à la conférence mondiale des femmes à Pékin (Chine) en 1995. Antoinette Fouque a été nommée commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite et commandeur des Arts et des Lettres. Elle avait notamment publié « Il y a deux sexes » (1995, réédité en 2004) et l'année dernière, était sorti, sous sa direction, le « Dictionnaire universel des créatrices ».