À tout juste 7 ans, Charlotte Benjamin est à l'origine d'une sacrée évolution des mentalités chez Lego. Lassée de devoir se rabattre sur les figurines masculines pour pouvoir « vivre des aventures », cette fillette anglaise a écrit une lettre en janvier dernier à la société danoise pour lui faire part de sa frustration. « J'adore les Lego mais je n'aime pas le fait qu'il y ait plus de Lego garçons et presque aucun Lego filles », écrit Charlotte, avant d'ajouter : « Tout ce que les filles font, c'est de rester assises à la maison, aller à la plage ou au supermarché. Elles n'ont pas de travail, alors que les garçons ont des aventures, des emplois, sauvent des gens et nagent même avec les requins. Je veux que vous fassiez plus de Lego femmes et que celles-ci vivent des aventures et qu'elles s'amusent ! Ok ??! Merci. »
Posté par son père sur le site The Society Pages, la lettre de Charlotte a été retweetée plus de 2 000 fois, finissant par attirer l'attention de Lego. Quelques jours plus tard, Lego a affirmé qu'ils étaient « concentrés sur le fait d'inclure davantage de personnages féminins et de thèmes invitant les filles à construire ».
>> Goldieblox : enfin un jeu de construction pour petites filles <<
Honorant la promesse faite à Charlotte Benjamin, Lego a mis en vente début août « L'institut de recherches », un kit 100% féminin créé avec l'aide d'Ellen Kooijman, une géophysicienne reconnue. Ici, pas de figurines féminines faisant les courses ou préparant le dîner, mais d'authentiques scientifiques qui observent les astres à l'aide d'un télescope, font des expériences dans un labo et analysent le squelette d'un dinosaure.
Pourtant, rapporte le site NPR, cette féminisation des jouets Lego n'est pas au goût de certains parents et internautes, qui regrettent que la marque danoise fasse une fois de plus une distinction entre les « jouets pour filles » et « les jouets pour garçons ». D'autres en revanche, voient dans la démarche de Lego une manière d'éveiller une vocation chez les petites filles qui aiment les sciences, voire de les encourager à entreprendre une carrière scientifique. Selon la National Science Foundation aux États-Unis, 66% des fillettes affirment apprécier les sciences et les maths, mais seules 18% de jeunes femmes poursuivent leurs études dans des filières scientifiques et techniques jusqu'à l'université.
Faisant fi de la controverse, Lego peut quoi qu'il en soit dire merci à Charlotte Benjamin. Vrai succès commercial, son « institut de recherche » vendu pour 19,99 dollars est déjà en rupture de stock.
>> Catalogues de jouets et stéréotypes sexistes : enfin les chiffres <<