Tom Mc Carthy fera-t-il valser les plumes acerbes des critiques littéraires quand ils liront ce roman largement enrichi de passages tirés des classiques comme T. S. Elliott, Shakespeare ou James Joyce ? La parution en français du roman « C » (Editions de l’Olivier) en pleine rentrée littéraire pourrait relancer le débat sur le « copier-coller », et attiser cette frénésie des journalistes lettrés à trouver dans les écrits de leurs pairs des preuves flagrantes de plagiat. Il faut dire que les affaires de ce genre se sont bruyamment multipliées ces dernières années.
En novembre 2011, Patrick de Carolis voyait son roman, « La Dame du Palatin » (Plon) attaqué par la veuve de l’historien Pierre Grimal. Celle-ci l’accusait de plagiat et de reproductions de l’œuvre de son mari. De même, Patrick Poivre d’Arvor a dû faire face à une levée de boucliers avant la parution de sa biographie d’Ernest Hemingway « Hemingway, la vie jusqu’à l’excès » (Artaud).
Un article de l’Express.fr révélait les similitudes douteuses entre une centaine de pages de son essai et celui d’une autre biographie signée Peter Griffin et datée de 1987. Le texte final a été remanié et les passages problématiques supprimés…
Même le Prix Goncourt 2010 n’y a pas échappé. Epinglé par un journaliste de Slate.fr pour avoir retranscris mot pour mot des notices tirées de Wikipédia dans son roman « la Carte et le territoire » (Flammarion), Michel Houellebecq ne s’est pas démonté et a préféré répondre à ses détracteurs : « Ca fait partie de ma méthode », dit-il, expliquant que « ce principe de tentative de brouillage entre documents réels et fiction, beaucoup de gens l'ont déjà fait. Moi, j'ai surtout été influencé par Perec ou Borges ». L’auteur des « Particules élémentaires » se fait même une fierté « d'employer ce genre de matériau », concédant que « la difficulté, c'est que cela reste fluide, il faut bien gérer les décalages (...). C'est un genre de patchwork, un tissage, un entrelacement ».
Sur ce point, il ne sera pas contredit par Tom Mc Carthy, adepte d’une intertextualité transparente, dont il a usé sans complexe dans « C ». Il s’en explique dans une interview réalisée par MyBOOX.com.
Découvrez l’interview de Tom Mc Carthy à propos du roman « C », « De la différence entre plagiat et influence littéraire »
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Résumé de « C » (Ed. de L’Olivier)
« Qu’est-ce que C ? »
Une initiale : C comme Carrefax (le personnage principal), comme le c-yanure avec lequel se suicide sa sœur bien-aimée, comme la c-ocaïne dont il abuse. Comme lord C-arnavon, le célèbre égyptologue qui, dit-on, mourut victime de la « malédiction du pharaon » (il s’agissait de Toutankhamon). C comme c-ommunication, puisque c’est là l’un des principaux thèmes de ce livre.
Car C est d’abord un roman époustouflant, dans la veine des premiers Thomas Pynchon, c’est-à-dire à la fois très narratif et complètement avant-gardiste. Tour à tour aviateur, spécialiste de la télégraphie sans fil, espion, lecteur du Livre des Morts égyptien et intéressé par le spiritisme et ses adeptes (qui prétendent communiquer avec l’au-delà), Serge Carrefax a aussi quelques points communs avec l’« Homme aux loups », qui fut l’un des plus célèbres patients de Sigmund Freud. Son histoire s’achève en 1922, année de publication, nous rappelle l’auteur, d’Ulysse de Joyce et de La terre vaine de T.S. Eliot.
Car « C » est aussi une réflexion sur le roman contemporain, sur sa capacité à s’affranchir du naturalisme et à interroger le sens même de l’entreprise romanesque. »
« C » de Tom Mc Carthy, éditions de l’Olivier, 24 €.
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