"Protéger et régénérer l'écosystème marin". C'est là l'intention déclarée de la jeune Australienne Madison Stewart. Cette vidéaste et défenseure de la biodiversité, aime à nager avec les requins, les prendre en photo, les filmer, mais elle tient surtout à les défendre face à leur traque, et au trafic de leur organisme. C'est pour cela que Madison Stewart tourne des vidéos documentaires depuis quelques années, s'adresse à des dizaines de milliers de followers sur Instagram, et gère même sa propre association, le Project Thiu.
Le but du Project Thiu ("Thiu" signifiant "requin" en Indonésien) est simple : l'association entre en contact avec les pêcheurs de requins de la région indonésienne et leur propose un nouvel emploi, à visée touristique, afin de subvenir à leurs besoins. Madison Stewart sait que la chasse aux requins est notamment pratiquée par des travailleurs aux conditions précaires. Son but est donc d'assurer la sauvegarde de ces poissons tout en éveillant la conscience de ceux qui les traquent.
Une méthode pas si commune au sein des mouvements écologistes actuels, dédiée qui plus est à un animal encore trop incompris. Et qui a valu à la jeune femme un retentissement médiatique bien mérité.
L'investissement de celle qui s'autoproclame "fille aux requins" ne date pas d'hier. La principale concernée retrace son parcours du côté du Smitsonian Institute. Passionnée de plongée sous-marine depuis ses 12 ans, résidente d'un voilier depuis ses deux ans, Madison Stewart quitte l'école à ses 14 avec l'accord de son père afin de suivre des cours à domicile. Cela lui permet de dédier beaucoup plus de temps à sa nouvelle occupation : photographier les créatures aquatiques. Un passe-temps dévorant pour celle qui a grandit sur la Gold Coast australienne.
Adolescente, la jeune femme était déjà une plongeuse très expérimentée. Après des années d'entraînement, elle finira par explorer un paradis qui l'a toujours fait rêvé, à savoir la Grande Barrière de Corail. De ce passé, elle retient avant tout un rapport quotidien aux océans, lesquels sont devenus peu à peu "[sa] normalité, [sa] salle de classe et [sa] maison", écrit-elle au Smitsonian Institute. Les eaux, et les animaux qui les traversent.
"Quand je vivais en mer, les animaux sauvages étaient quelque chose que l'on s'attendait à voir tous les jours, au point qu'ils devenaient aussi banals qu'un animal domestique", témoigne-t-elle à ce titre au magazine spécialisé Oceanographic. Au fil des années, elle constate, inquiétée, l'absence de requins dans des eaux où ils sont pourtant censés nager, signe des dangers qui planent sur l'espèce. Une révélation qui la marque à vie.
"Quand j'avais 14 ans, il y avait cet endroit où j'ai souvent plongé quand j'étais enfant, qui commençait à montrer les premiers signes d'impact humain. Les requins que j'observais avaient disparu et le récif se dégradait en leur absence", se souvient elle. Un constat qui va la pousser à agir. Dès ses 20 ans, Stewart fait l'objet d'un documentaire, Shark Girl. Un film qui témoigne de ses immersions auprès des requins pour mieux sensibiliser l'opinion publique. Immersions que relatent les vidéos de sa chaîne YouTube et de son compte Insta.
"Mon amour des requins s'est enflammé au moment où ils ont progressivement commencé à disparaître", observe-t-elle d'ailleurs dans les pages du magazine de Redbull. En parallèle, l'Australienne fonde le Project Thiu. Et ainsi, assure la création d'emplois au sein de la communauté indonésienne et la protection des requins alentours. Les chasseurs se font dès lors guides au service de la biodiversité. Une vraie inversion des rapports.
"Project Hiu emploie quelques-uns des nombreux pêcheurs de requins de la région. Je suis persuadée que les hommes qui tuent les requins sont moins un ennemi qu'une opportunité de changement", explique-t-elle à l'Oceanographic Magazine. C'est cela que désire l'activiste : un changement, matériel, net, concret.
Et autant le dire, il y a (vraiment) beaucoup à faire. Dans le cadre d'un portrait que lui a dédié Madame Figaro, la principale concernée déplore un état des lieux global tout simplement alarmant : "La disparition du requin, cet animal fragile, serait une catastrophe pour l'équilibre de l'écosystème. C'est pour cela que je veux essayer de modifier la mauvaise réputation qui leur colle à la peau. Quant aux océans, ils sont devenus une zone d'anomie. Chacun fait ce qu'il veut en toute tranquillité. Les pétroliers y lavent leur cuve, les bateaux jettent leurs ordures mettant en danger des espèces en voie de disparition", cingle-t-elle au magazine. Un triste constat.
"Aujourd'hui, je travaille pour les requins, ils sont tout pour moi, et mon histoire est celle de la perte causée par l'injustice environnementale", clame-t-elle dès lors sur le site du Smithsonian Institute. On ne peut guère être plus claire. Filmer, relayer sur les réseaux sociaux, prendre des photos, convertir les chasseurs et vendeurs, toutes ces solutions suffisent-elles face à un marché et une industrie qui se soucient peu de la cause animale ?
Madison Stewart n'a pas la réponse à cette question bien sûr. Mais en interview, elle l'assure avec la prose d'une combattante : "La seule erreur que l'on puisse commettre, c'est de ne rien faire. Car cela signifierait que l'on a baissé les bras avant d'avoir donné le maximum".
La lutte est loin d'être terminée.