"Chers géants du web. Je sais que vous saviez que j'étais enceinte..." Ce mercredi 12 décembre, le courrier adressé par Gillian Brockell à Facebook, Twitter et consorts fait énormément parler aux États-Unis. Et pour cause : cette journaliste du Washington Post y dénonce une conséquence de l'usage des réseaux sociaux particulièrement dure à vivre pour elle.
Dans le début de son texte, elle explique avoir -comme beaucoup de futures mamans de nos jours- fait comprendre à ces entreprises par son activité en ligne qu'elle attendait un heureux événement. En cliquant sur des hashtags sur Instagram, voire en ouvrant des publicités suggérées par Facebook.
"Que voulez-vous que je vous dise ? Oui, je suis ce que l'on appelle une utilisatrice engagée."
Et d'ajouter qu'elle a créé un événement pour la fête au cours de laquelle elle a annoncé sa grossesse à ses amies, qu'elle a passé des commandes en ligne pour se préparer matériellement à l'arrivée de son bébé... "Mais ne m'avez-vous pas également vu rechercher 'fausses contractions' ou 'le bébé ne bouge plus' ? (...) Et quand j'ai mis en ligne une publication avec les mots-clés 'dévastée', 'problèmes' et 'mort-né'? Et les 200 emojis qui pleurent de mes amis? N'est-ce pas aussi quelque chose que vous pouvez analyser ?"
Car oui, Gillian Brockell a donné naissance à un enfant mort-né.
Alors elle poursuit son courrier ainsi : "Et laissez-moi vous dire ce qu'il se passe quand vous rentrez enfin chez vous de l'hôpital, avec les bras les plus vides du monde..." Elle raconte alors que les publicités ne disparaissent pas, que les suggestions non plus, que les produits auxquels elle avait songé pour la chambre de l'enfant sont un rappel continu de son malheur.
"Et quand des millions de personnes au coeur brisé vous ont aidée en cliquant sur 'Je ne veux plus voir cette publicité', et qu'elles ont même répondu à votre 'Pourquoi ?' en cliquant sur l'aussi terrible que vrai 'Cette publicité ne me concerne pas', vous savez ce qu'il se passe, chers géants du web ? Eh bien, vos algorithmes croient que l'on est devenue maman."