Lors d'une conférence de presse ce mardi matin, Marisol Touraine a annoncé la création d'un statut médical des sages-femmes des hôpitaux, au sein des hôpitaux publics. « Les compétences des sages-femmes seront désormais identifiées et reconnues comme médicales sans aucune ambiguïté, a souligné la ministre, il s'agit d'une rupture totale avec le passé puisque leur profession n'est plus paramédicale ». Le décret qui instituera ce nouveau statut sortira « dans les prochains mois », a-t-elle précisé.
Une partie des sages-femmes réclamaient la création d’un statut de praticien hospitalier, comme les pharmaciens, les biologistes ou les dentistes, et n’ont donc pas obtenu gain de cause. Pour Céline Vicrey, sage-femme en région parisienne, « cela ne change rien à la situation ». Elle déplore que le statut actuel des sages-femmes les empêche de faire correctement leur métier et accuse les médecins de sexisme à l’égard des blouses roses, majoritairement féminines : « Pourquoi n’aurait-on pas le même statut que les dentistes et les pharmaciens alors que notre rôle d’accompagnement auprès des femmes qui accouchent est essentiel ? ». Evoquant l’incompréhension et l'écoeurement des sages-femmes à l’issue des annonces de Marisol Touraine, Céline Vicrey affirme que « le combat continue et la grève va continuer, mais on ignore encore sous quelle forme. » Et d’ajouter : « Ce qui est sûr, c’est que s’il y a un durcissement du mouvement, c’est de la faute de la ministre, pas des sages-femmes ».
C'est le même son de cloches auprès de Caroline Raquin, présidente du syndicat de sages-femmes ONSSF et membre du collectif des sages-femmes : « Il y a une assemblée générale demain [mercredi] sur Paris et d’autres en régions pour voir comment durcir les actions, comment se manifester », a-t-elle affirmé mardi.
De son côté, la CGT a exprimé sa « satisfaction » à l’issue de ces annonces, : « Maintenant, nous allons entrer dans le dur et négocier: que met-on dans ce statut ? » s’est interrogée Annie-Claude Ottan (CGT), en estimant avoir obtenu de « réelles avancées ».
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Outre le statut médical accordé aux sages-femmes, Marisol Touraine a détaillé mardi un plan comportant cinq mesures qu’elle a qualifiées « d’avancées sans précédent » pour la profession « et au-delà pour la santé de nos concitoyennes ». Parmi ces mesures figurent entre autres une campagne de communication à l’égard du public et des professionnels de santé, l’attribution de nouvelles responsabilités aux sages-femmes, comme la gestion d’unités physiologiques et l’alignement du niveau de rémunération des étudiants en maïeutique. Ce plan marque « une véritable rupture dans la place et le rôle donnés aux sages-femmes », selon Marisol Touraine, qui s’est également engagée à ce que les sages-femmes « soient mieux rémunérées », a-t-elle rappelé.