"Le sexisme, ce n'est pas une fatalité et ça n'a rien de naturel. C'est une idéologie mortifère, qu'il faut combattre avec vigueur", martèle Danielle Bousquet, Présidente du Haut Conseil à l'Égalité (HCE).
Il est difficile de faire comprendre ce qu'est le sexisme et la façon insidieuse dont ce mal pourrit la vie des femmes.
Alors tout d'abord, qu'est-ce que le sexisme ?
Selon le HCE qui produit ce 17 janvier un état des lieux sur le sexisme en France : "Le sexisme est une idéologie qui repose sur le postulat de l'infériorité des femmes par rapport aux hommes, d'une part, et d'autre part, est un ensemble de manifestations des plus anodines en apparence (remarques, ...) aux plus graves (viols, meurtres,...)".
Le HCE ajoute à cette définition : "Ces manifestations ont pour objet de délégitimer, stigmatiser, humilier ou violenter les femmes et ont des effets sur elles (estime de soi, santé psychique et physique et modification des comportements)."
Parce que, si on réfléchit bien, cette publicité Aubade en immense sur la façade des Galeries Lafayette, additionnée à toutes celles que l'ont voit sur les arrêts de bus, les panneaux publicitaires en entrée de ville affichant des femmes en petites tenues pour vendre du carrelage, celles dans le métro qui mettent la pression pour maigrir ou même les post d'influenceur·euses sur Instagram qui nous vendent des corps de rêves en maillots de bain : tout cela est un écosystème dans lequel vivent les femmes et qui modifie la perception qu'elles ont d'elles-mêmes. Cela modifie leur confiance en elles.
Le sexisme est un conditionnement.
Selon les auteur·trices du rapport, la tolérance du sexisme "contribue à consolider l'entre-soi 'masculin', à entretenir un climat d'hostilité contre les femmes et entre femmes elles-mêmes, à dévaloriser l'image que les femmes ont d'elles-mêmes, à renforcer les stéréotypes de sexe, et ainsi à légitimer les inégalités".
L'un des premiers vecteurs du sexisme ambiant sont les tentatives d'humour sur le sujet ou plutôt "les ressorts mobilisés pour faire rire qui relèvent du sexisme". Selon une étude citée dans le rapport : 71 % des chroniques radio (comme celles de Nicolas Canteloup sur Europe 1 ou Laurent Gerra sur RTL) mobilisent des ressorts sexistes.
Concernant les six vidéos de youtubeur·euses les plus vues, donc populaires parmi les très jeunes, cinq d'entre elles sont sexistes. Sur le site blague.info, un tiers des "blagues" sont sexistes et se servent des femmes comme ressort comique.
Et ce sexisme est de fait ressenti par les Français·es puisque deux sur trois "estiment que les blagues et les réflexions sur les femmes en général sont sexistes", et quatre sur dix ont entendu au moins "une 'blague' qu'ils.elles jugent sexiste au cours de l'année 2017."
Un chiffre qui, selon l'étude du HCE, est encore plus fort chez les jeunes avec 56 % des moins de 25 ans déclarant avoir entendu une ou plusieurs "blagues" sexistes.
Qui cet humour fait-il rire ? Cet humour sexiste est-il drôle pour tout le monde ? Et bien non.
Dans ce sondage, on voit bien qui sont les plus grands bénéficiaires de cet humour sexiste. Selon le sondage du HCE : "Le sexisme fait rire un tiers des hommes : 31 % trouvent les 'blagues' sexistes drôles. C'est le cas de 15 % des femmes".
Le sexisme est tellement ancré dans les mentalités que les femmes elles-mêmes peuvent en être les autrices. C'est ce qu'on a pu voir avec la publicité de Roubaix, créée par une équipe de sept femmes et un homme.
Si les hommes peuvent également subir des remarques sur leur statut, c'est qu'ils ne se conforment par à la masculinité attendue par une partie de la société. Mais selon le HCE, "ces situations ne sont pas fondées sur l'idéologie de l'infériorité notoire et généralisée des hommes."
Le HCE fait plusieurs recommandations pour lutter contre le sexisme. Comme le financement d'une enquête annuelle pour faire un état des lieux.
Dans les pistes de réflexion, le HCE propose également une meilleure formation des professionnel·les des médias, dans la publicités, les arts, la communication ou le journalisme. Il préconise une journée nationale contre le sexisme et une meilleure condamnation des actes sexistes (seules 3 % d'injures sexistes font l'objet de plainte et seules 4% ont été condamnées en 2017 par la justice).
Et comme toujours, le nerf de la guerre reste le financement. Ainsi, le HCE demande plus d'argent pour les associations luttant contre le sexisme.