L'association Zéromacho a deux combats : lutter pour l'égalité et contre la prostitution. Un mouvement radicalement abolitionniste qui divise, et que de nombreuses féministes critiquent ouvertement, à l'instar du STRASS (Syndicat du travail sexuel). Lundi 9 mars, le collectif a publié trois spots destinés aux hommes, qui abordent chacun un fléau différent : le harcèlement sexuel au travail, les violences conjugales et le viol.
Dans chaque vidéo, un texte s'affiche au fur et à mesure que le narrateur le déclame, racontant une situation concrète qui démarre par "Messieurs, on va pas se mentir", comme pour mettre en confiance l'homme derrière l'écran - et mieux le faire avouer par la suite. La musique aussi, joue un rôle important : plus l'agression se rapproche, plus la bande-son s'intensifie. Et puis, le slogan révélateur, qui explique l'ironie : "Messieurs, on va pas se mentir, pour que les choses changent, il va falloir qu'on change".
"L'objectif de la campagne est d'essayer d'établir une connivence avec les hommes pour mieux dénoncer la violence des comportements machistes et de situations fréquentes du quotidien, qui s'avèrent être du harcèlement ou des violences sexistes ou sexuelles", assure Zéromacho. "Il s'agit de s'adresser aux hommes sur le ton d'une certaine fraternité toxique (on va pas se mentir...), pour passer ensuite à une fraternité bienveillante, et tenter de changer leurs comportements envers les femmes".
Ils choisissent le 8 mars symboliquement, comme un rappel que le combat ne devrait pas reposer uniquement sur les femmes : "Cet appel du 8 mars a pour ambition de passer à une seconde phase de communication qui vise, après l'étape de l'indignation, à modifier les comportements machistes dus à une structure sociétale patriarcale. Tous les hommes, de toutes conditions et de tous âges, ont été structurés par l'idéologie de la domination masculine, et ce, jusque dans les moindres interactions avec les femmes, visibles tant dans la sphère privée que publique."
En 2017, Zéromacho s'attaquait déjà publiquement au partage des tâches. Ses acteurs s'étaient installés dans les rues de Paris pour repasser et dénoncer la charge de corvées traditionnellement attribuée aux femmes. Leur but : que les hommes interpellent les hommes sur leurs comportements sexistes et les violences qui s'en découlent. Une démarche rarement utilisée qui veut renverser la masculinité toxique de l'intérieur, avec des exemples percutants - et tragiquement fréquents.
Si les retours restent mitigés, notamment quant à l'ambiguïté du ton de la campagne, l'initiative a été largement partagée.