En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint, selon les chiffres officiels recueillis par ONVFF (Observatoire national des violences faites aux femmes). L'organisation Nous Toutes a quant à elle enregistré 149 féminicides en 2019, soit une femme assassinée tous les deux jours et demi.
C'est pour s'attaquer à ces crimes trop souvent impunis et ignorés, que Le Point noir a été créé. Un code de détresse destiné aux victimes, imaginé en Grande-Bretagne en 2015 par l'une d'elles souhaitant rester anonyme, qui s'écrit discrètement au creux de la main, en utilisant par exemple un crayon à maquillage facilement effaçable. Une façon pour les femmes qui subissent ces violences de demander de l'aide sans se mettre en danger, et pour l'entourage, ou quiconque croise leur chemin, d'identifier clairement la situation. Et d'engager tout aussi discrètement la conversation afin d'orienter celle qui demande de l'aide vers des structures professionnelles qui pourront la protéger.
Si la campagne française a démarré fin 2018, et doit durer jusqu'en 2022, ce 1er mars 2020, un court-métrage réalisé grâce au soutien de plus de trente professionnel·le·s du cinéma a été mis en ligne, afin d'attirer davantage l'attention sur ce petit signal tristement distinctif. Un film sobre de Sophie Picciotto, intitulé Tous les trois jours, qui montre une femme battue sur un fond noir le lundi, qui sera décédée le mercredi. Puis une autre, plus âgée, qui disparaît sous des coups de feu avant le samedi, avant qu'une dernière dise "stop". Des images qui reflètent cette réalité insoutenable que sont les violences sexistes et conjugales. Et dont un point sur la paume peut sauver.
Les victimes ne sont pas les seules à pouvoir manifester leur souffrance. Celles et ceux qui veulent faire connaître leur soutien, et déclarer leur disponibilité à aborder le sujet, aussi, ont la possibilité de s'engager. En postant leur main dotée d'un point noir sur les réseaux sociaux accompagnée du hashtag #lepointnoir ou #blackdotfrance, d'une part. En collant un visuel "Ici, on connaît #lepointnoir", sur sa vitrine par exemple, d'autre part.
Mais aussi en se procurant un autocollant imaginé par le collectif (et distribué dans plusieurs points de vente listés ici) à placer sur un téléphone ou un ordinateur, afin de signaler à ses proches ou à une personne que l'on croise dans la rue que l'on est là. Pour quelques mots, pour des solutions plus concrètes, pour leur rappeler qu'elles ne sont pas seules et que la fin du calvaire est possible.
Car c'est en sensibilisant à cet échappatoire, et en mettant en place une dynamique d'écoute concrète et démocratisée, que les victimes réussiront à briser un silence qui leur est parfois fatal. Et qu'enfin, on adressera les violences faites aux femmes comme ce qu'elles sont : l'un des pires fléaux de notre société.
Aujourd'hui, trois mois après le bilan du Grenelle des violences conjugales organisé par Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, plusieurs femmes se sont saisies du hashtag #TenezVosPromesses. Un message à l'attention du gouvernement, qui dénonce le manque d'actions concrètes, dramatique pour les victimes. Et qui remet surtout en question la fiabilité du 3919, cellule d'écoute mise en place par les autorités, que plusieurs femmes ont tenté de joindre au milieu de la nuit, pour trouver de l'aide, sans succès.