Alexa, Google Home, Siri, Cortana... Les assistants vocaux ont tous un point commun au-delà de leur apparente volonté de réaliser tous nos souhaits technologiques : une voix de femme. Si le choix des développeurs derrière leur construction peut paraître anodin (quoiqu'on en doute), l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) a mis des mots clairs et nets sur les conséquences de cette décision dans un rapport intitulé "I'd Blush If I Could" : elle alimenterait des préjugés sexistes.
Réfléchissons quelques minutes à la question. A quoi servent les assistants vocaux (ou dans le cas présent, les assistantes vocales) la plupart du temps ? A ce qu'on les commande, à ce qu'on leur donne des ordres. Et pour l'organisation mondiale, c'est justement le problème : "La soumission et la servilité exprimées par tant d'assistantes vocales [sont] une illustration du préjugé sexiste véhiculé par les produits faisant appel à l'intelligence artificielle", écrit l'Unesco dans son étude.
"Leur asservissement programmé influe sur la façon dont les hommes s'adressent aux voix féminines et façonnent la manière dont les femmes réagissent aux demandes et s'expriment", poursuit-il.
On continue dans le question-réponse : les assistantes réussissent-elles à exaucer nos voeux les plus chers à tous les coups ? Non. S'agace-t-on lorsque cela arrive ? Oui. On s'agace contre une voix de femme. Et là encore, l'organisation fait le lien : "[Ces appareils] font des femmes le 'visage' des défauts et des erreurs résultant des limitations du matériel et des logiciels conçus principalement par des hommes", affirme Saniye Gülser Corat, directrice de la division sur l'égalité des genres à l'Unesco.
La raison derrière ce problème ? L'univers principalement masculin de l'intelligence artificielle et de la technologie en général, d'après l'étude, qui assure que ces stéréotypes selon lesquelles une voix de femme représenterait une "personnalité docile" trouveraient leur "origine dans l'inégalité des sexes en matière d'éducation et dans le secteur technologique".
On compte ainsi seulement 12 % de chercheuses dans le domaine de l'intelligence artificielle et 6 % de développeuses de logiciels. Peut mieux faire, et c'est ce que préconise fortement l'Unesco. Ça, et d'inclure la question du genre dans les études liées au numérique ainsi que la mise au point d'une voix qui serait non-genrée. Des initiatives qui, on l'espère, aideront à mettre un terme aux idées selon lesquelles une femme ne sert qu'à servir son homologue masculin.