La "norme" engendre bien des conséquences ravageuses, et la sexualité n'en est pas exemptée. La preuve avec ce sondage intitulé "la vraie libido" mené par Emancipées, une plateforme visant à redonner aux femmes le pouvoir sur leur cycle menstruel. Le but : leur permettre "de s'exprimer sans tabou sur leur désir et sur la perception qu'elles en ont".
Après avoir interrogé 3 685 participantes âgées de 18 à 50 ans via un questionnaire anonyme en ligne, Emancipées a ainsi constaté que, contrairement à la fréquence des rapports sexuels estimée par l'Ined en 2008 chez les couples français, soit de 2 à 3 fois par semaine, la réalité était toute autre. Seules 38,4 % des répondantes confirment ainsi le chiffre. Pour les autres, on migre davantage vers les 3 fois par mois, quand il ne s'agit pas d'un coup rapide le matin avant de se lever pour s'occuper des enfants toutes les deux semaines.
Chacun·e son rythme, au lit comme à l'extérieur.
Seulement, chez certaines, cette moyenne vraisemblablement revue à la hausse est source d'une pression à la performance nocive. Si 61,5 % du panel affirment être insatisfaites de leur libido pour diverses raisons, 41,4% éprouvent carrément un sentiment de honte à son sujet. En cause ? "Elles la considèrent comme trop faible", détaille la plateforme dans un communiqué.
Trop faible... mais par rapport à quoi ? A leur désir personnel, ou à ce qui est considéré comme acceptable par la société et leur entourage ? "20,8 % avouent avoir arrangé les chiffres lorsqu'elles en discutent avec des proches", informe encore l'étude. Et environ 10 % confient s'être déjà menti à elles-mêmes en se convainquant d'un chiffre supérieur à la réalité. Pour ce qui est de la "honte" d'avoir envie de faire l'amour plus que cette sacro-sainte moyenne, en revanche, elle est quasi inexistante (7,6 % des répondantes).
Afin de creuser davantage, le sondage a demandé de choisir parmi plusieurs termes pour "expliquer" leur désir en berne. Sont ressortis : la fatigue en tête de liste, puis le manque d'envie, le stress et enfin, le manque de communication avec le·la partenaire. Autant de facteurs parfaitement légitimes qui, plutôt que de finir par culpabiliser celle qui les subit, devraient attirer l'attention de la personne en face. Et instaurer un dialogue salutaire, pour se défaire d'injonctions particulièrement coriaces.