Une douzaine de scientifiques de l'université Cornell d'Ithaca à New York ont travaillé au développement minutieux d'une méthode contraceptive unique : une pilule contraceptive masculine. D'après leur étude publiée dans la revue Nature Communications ce 14 février, cette invention pourrait bien être révolutionnaire, même si jusqu'ici, l'expérimentation se limite seulement à quelques souris mâles, comme le relate Le Parisien.
Les scientifiques américains miseraient avant tout sur une protéine, l'adénylate cyclase soluble, laquelle pourrait influer directement sur le déplacement des spermatozoïdes. Après avoir confronté les cobayes à la substance active dite TDI-11861, on aurait ainsi observé une immobilisation du sperme des souris mâles "testées" durant deux heures. 24 heures plus tard, la fertilité des souris était revenue à la case départ. Et ce sans impact négatif observé sur leur santé et leur fertilité à long terme. En outre, aucune souris femelle ne serait tombée enceinte pendant ce laps de temps et ce malgré de très nombreuses tentatives d'accouplement avec les mâles concernés.
La pilule contraceptive pour hommes serait-elle en train de voir le jour ? Selon la Dr Melanie Balbach, "tous les autres contraceptifs masculins expérimentaux hormonaux ou non hormonaux mettent des semaines à réduire le nombre de spermatozoïdes ou à les rendre incapables de féconder les ovules."
Selon la chercheuse, ce contraceptif, qui semble efficace à 100% et en peu de temps, permettrait "aux hommes de prendre des décisions quotidiennes concernant leur fertilité".
Le concept d'une pilule contraceptive masculine serait bien utile en terme d'égalité des sexes, les femmes étant bien trop souvent au coeur de "la charge contraceptive".
La contraception est un véritable enjeu de société, et un enjeu féministe. Aujourd'hui encore, l'évocation de moyens de contraception masculine comme la vasectomie suscite incompréhension et insultes sexistes. Quand bien même ce sujet est de plus en plus médiatisé, par le biais de témoignages et de campagnes. Un éclairage important, surtout quand l'on sait que la contraception féminine peut être synonyme d'effets secondaires négatifs sur la santé des femmes : anxiété, épuisement, perte de libido...
"Les méthodes antérieures de contraception masculine testées nécessitaient neuf à douze semaines de traitement avant qu'un homme ne soit stérile. Elles exigeaient qu'un homme prenne un contraceptif tous les jours pendant des mois avant d'être stérile. Mais dans notre cas, un homme ne prend un contraceptif que lorsqu'il en a besoin et aussi souvent qu'il en a besoin", s'est enthousiasmé le chercheur Jochen Buck.
Une stratégie simplement qualifiée "d'innovante" par les chercheurs de l'université Cornell, mais dont l'effet sur les hommes reste encore à prouver cependant. Des essais cliniques doivent effectivement encore être effectués sur des humains pour observer les effets de cette méthode sur la fertilité masculine.
Et là, le suspens reste encore entier, comme ont pu le préciser des professionnels de la santé, tel le médecin Pilipp Quass de l'Hôpital universitaire de Bâle, et déclarant : "Cette approche a du potentiel. Mais pour que cette substance active soit autorisée en tant que médicament, il faut encore plus d'informations. Si l'on presse la procédure, un tel médicament pourrait être autorisé d'ici cinq à dix ans".