Stéphanie Hospital : Le social est dans l’ADN de la télévision. C’est l’essence même de la TV, c’est presque un acronyme ! La télévision a été créée comme un outil social et collégial, dans les années 1970 la famille se retrouvait autour du poste de télévision dans le salon. La social TV recrée une logique de rassemblement après une période marquée par le développement rapide du multi-écran, qui avait pour conséquence un appauvrissement de l’expérience sociale. Désormais c’est un rassemblement bien plus large qui est permis par les applications de TV sociale. C’est le principe de l’agora devant la télévision, et nous n’en sommes qu’au début.
S. H. : Pour moi le rôle de Facebook est temporel et conjoncturel, c’est le réseau où se trouve la cible réactive, et où l’on retrouve un environnement amical. Mais à terme je pense que c’est Twitter – 11% des adeptes de social TV l’utilisent- qui va s’imposer comme le média de la social TV, il est plus adapté et plus ouvert, et offre surtout la possibilité à l’utilisateur de voir ses tweets repris à la télévision… Quant aux applications de TV sociale existantes (13% des sondés interagissent avec les programmes TV sur les sites des chaînes ou des programmes TV, 5% via les applications mobile), elles sont encore trop anecdotiques par rapport à la popularité des réseaux sociaux. Peu à peu je pense néanmoins que le contenu va reprendre la main.
S. H. : Il y a une vraie adhésion des plus jeunes à la social TV, mais par contagion les autres publics vont interagir de plus en plus. Cela passera par l’appropriation par les chaînes et les producteurs, qui doivent susciter un engagement plus fort avec leur base d’utilisateurs. Ils y gagneront en fidélisant leur public et l’impact publicitaire sera plus fort. Une chose est sûre, l’écran doit mettre en avant ces interactions. Je pense que les usages viendront des guides de programmes TV, des opérateurs et des producteurs de contenus. Pour l’utilisateur il s’agit de créer une continuité, un avant et un après du programme, en somme de lui offrir la possibilité de participer à une expérience sociale.
S. H. : La social TV participe à la recréation d’un logique de masse et de dialogue ; on retrouve cette idée de grand rendez-vous avec le téléspectateur. Cela permet d’accentuer les logiques d’engagement, et de fait à long terme c’est un facteur pour redonner au live toute sa force. (cf. la téléréalité où l’on peut interagir, participer, juger) On ouvre ainsi un champ très large de créativité pour les producteurs. Avant, après et pendant le programme il y a la possibilité pour l’utilisateur d’influencer le cours du programme. L’ambition est bel et bien de réinventer les codes des programmes et de la logique d’interaction. La TV deviendra un média de masse très personnalisable. Pour les chaînes et les producteurs, c’est aussi une opportunité pour recueillir un maximum de données sur les utilisateurs, leurs préférences et leurs habitudes. Il reste donc beaucoup de choses à inventer.
S. H. : Il y aura des expériences possibles du type Shazam (application smartphone permettant d’identifier et d’acheter directement une musique entendue dans son environnement extérieur, ndlr). Sans aller forcément jusqu’à l’achat, il est déjà possible d’accéder à un grand nombre d’informations sur les écrans. Je pense que les applications de TV sociale vont nous rendre plus intelligents car mieux informés. C’est tout à fait le principe de la réalité augmentée, on entre dans l’ère de la TV augmentée.
Voir tous les résultats de l’observatoire Orange-Terrafemina sur la social TV
*D’après une enquête CSA réalisée dans le cadre de l’Observatoire Orange-Terrafemina. Sondage effectué en ligne du 11 au 13 juin 2013 auprès de 1 059 internautes français âgés de 15 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle après stratification géographique par région de résidence.
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