Un 14e train de sanctions contre la Syrie a été voté par l’Union européenne lundi matin, lors d'une réunion des ambassadeurs des 27. Il s'agit d'abord d’interdire symboliquement l’exportation de produits de luxe vers la Syrie, histoire de faire entendre au couple al-Assad que son train de vie fastueux choque l'Europe au plus haut point. Le mois dernier la publication des échanges de mails entre Bachar et son épouse Asma révélaient les préoccupations du couple, plus soucieux de sa décoration et de sa garde-robe que du sort des opposants au régime et des civils victimes de la répression. Le champ d’application de la mesure sur les produits de luxe doit être encore défini par les Européens, selon un diplomate interrogé par l'AFP, qui souligne que cette sanction peut être facilement contournée mais revêt un caractère « symbolique ». Une deuxième mesure devrait interdire l’exportation de produits et équipements pouvant servir à la répression des opposants. Certains produits seront interdits, d'autres seront soumis à un processus d'autorisation spéciale, toujours d’après ce diplomate.
Les observateurs impuissants
Ces nouvelles mesures interviennent alors que le régime syrien continue de violer sans complexe le cessez-le-feu imposé par le plan Annan, qui prévoit le retrait des troupes des villes, la libération des détenus et l'accès des humanitaires et de la presse. Six civils ont été tués par l’armée dimanche dans la province de Homs, malgré la présence d'observateurs de l'ONU. Trois civils ont également été tués par les forces gouvernementales dans la province d'Idleb (nord-ouest) et trois autres dans celle de Damas. Selon l'OSDH, 200 personnes ont péri depuis l’entrée en vigueur le 12 avril du plan pour la paix de Kofi Annan. L'émissaire international a de nouveau appelé Damas à arrêter d'utiliser des armes lourdes et à « les retirer des centres de population ». Néanmoins les habitants et les rebelles semblent rassurés par la présence des observateurs envoyés par l’ONU. Des vidéos tournées samedi par des militants montrent un entretien entre des observateurs et des habitants et rebelles de Homs, ces derniers leur demandant de rester pour empêcher de nouvelles attaques. Sur l’une de ces vidéos un habitant explique que la journée de samedi a été le premier jour sans « bombardement » ni « tuerie » à Homs « depuis le 5 février ». « S'il vous plaît, restez avec nous (...). Lorsque vous êtes là, le pilonnage s'arrête », demande-t-il au colonel Ahmed Himmiche, chef de la mission.
300 observateurs de plus
Ainsi pour renforcer encore cette surveillance et contraindre le président al-Assad de respecter le cessez-le-feu, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté samedi à New York une deuxième résolution sur la Syrie, pour autoriser l'envoi d'une mission élargie de 300 Casques bleus non armés. Votée à l’unanimité, la résolution a été saluée par le Conseil national syrien (CNS), qui a néanmoins appelé à élargir à nouveau cette mission pour la rendre « plus efficace ». Ces 300 observateurs seront déployés « pour une période initiale de 90 jours », selon la résolution, mais le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, devra auparavant déterminer si « la consolidation » du cessez-le-feu le permet. Washington et Paris ont précisé que le renouvellement de la mission après 90 jours ne serait pas automatique.
Source : AFP
Crédit photo : AFP
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