Caníbal, indignación total, voilà le titre d'une série documentaire qui fait actuellement polémique au Mexique. Ce programme télé relate la traque d'un tueur en série de femmes, Andrés Mendoza, qui aurait tué 50 femmes trois décennies durant, avant d'être arrêté en 2021.
Un assassin dont l'on a découvert lors de son arrestation les pratiques cannibales, d'où le nom morbide de la série. Le programme a été diffusé de juin à juillet et des dizaines de millions de spectateurs l'ont visionné. Et bien que reposant sur un concept familier (des séries documentaires portraitisant des serial killers, comme Netflix en propose des ribambelles, ainsi que d'autres plateformes, témoignages et reconstitutions-chocs à l'appui), Caníbal, indignación total n'est pas passé.
Pourquoi ? Selon RFI, la série serait accusée de "transformer les féminicides en spectacle". Un argument de poids énoncé par les féministes mexicaines.
Une critique que l'on pourrait faire à bien des programmes de "true crime", volontiers voyeuristes dans l'horreur, transformant d'accablants fait réels en fiction pleine d'effets. Des programmes étrangement populaires auprès du public, et ce depuis des années.
Plus précisément, poursuit RFI, la série documentaire est notamment fustigée pour sa propension à "recréer le visage de l'assassin dans le générique à l'aide de mini-portraits des femmes qu'il a tuées, comme si elles faisaient partie de lui". Et ce, malgré le fait que le but initial du programme, produit par la Cour suprême mexicaine, était justement de dénoncer "l'impunité qui entoure les féminicides" au sein de la société mexicaine.
Une intention pas si limpide selon bien des commentaires féministes, certains dénonçant même "une glorification de l'assassin", douloureuse pour les proches des nombreuses victimes, qui voient là un vrai processus de "déshumanisation". Une série polémique donc.