Cher collègue masculin,
L'autre fois, pendant que j'étais tranquillement en train de déjeuner mon kébab salade-tomates-oignons-harissa supplément fromage (comme un bonhomme), je t'ai entendu faire le fanfaron devant nos autres collègues, masculins eux aussi.
Je t'ai entendu leur demander si notre future nouvelle collègue, qui était passée signer son contrat le matin-même, était "bonne", et dire, lorsque l'on t'a annoncé qu'elle était mariée et mère de famille, que tu ne t'en souciais pas, tant qu'elle en avait "une belle paire".
J'étais gênée, cher collègue, d'entendre ces propos. J'étais énervée aussi, mais j'ai décidé de ne pas relever et j'ai continué à consulter mon fil d'actualités Facebook, feignant de n'avoir entendu tes propos déplacés et les rires abrutis de tous ces hommes, sûrement en mal de reconnaissance de la gent féminine.
Je t'ai entendu ensuite parler du fait que notre entreprise ferait mieux d'employer une femme commerciale, plutôt qu'un homme. Pourquoi ? Car selon toi, le client masculin qui serait face à la commerciale pourrait s'imaginer en train de **** avec elle. Alors, il signerait plus facilement le contrat. Et, bien entendu, la commerciale passerait à l'acte sans soucis, car c'est ainsi que sont les femmes.
J'ai de nouveau entendu tous les hommes qui étaient présents rire, toujours aussi bêtement.
Alors la colère a parcouru tout mon corps.
C'est donc cela une femme pour toi ? Une femme n'est bonne qu'à être un objet sexuel, exécutant les moindres désirs de l'homme ? C'est ce que tu sous-entendais en tout cas.
Sur le ton de l'humour, certes, mais la blague était de mauvais goût, et le ton employé laissait bien entendre que c'est à cela que tu réduis le rôle premier de la femme.
Cher collègue, tu n'as pas eu la décence d'éviter ce genre de paroles devant moi, femme que je suis.
Alors cher collègue, je n'ai pas pu retenir mes mots, moi non plus.
Te remettre à ta place, celle d'un macho frustré d'être seul depuis trop longtemps, m'a fait le plus grand bien.
Te montrer qu'une femme ne se tait pas et n'est pas là pour écouter ce genre de conneries m'a fait grandement plaisir.
Cher collègue, ne t'étonne pas d'être seul.
Si tu ne respectes pas les femmes, alors jamais, tu ne seras aimé de l'une d'elles.
N'oublie pas, cher collègue, que c'est une femme qui t'a porté 9 mois durant et qui s'est occupée de toi...
Stéphanie Madani est l'auteure du blog Rafale de mots