Lorsqu'on nous parle des amazones, on pense de suite à celles issues de la mythologie grecque, mais
également à la super-héroïne Wonder Woman au cinéma.
Si je vous disais que les amazones ont réellement existé, et qu'elles furent des femmes sacrées, emblématiques, et connues dans toute l'Afrique et hors de celle-ci pour avoir combattu des ennemis, colonisateurs et esclavagistes les plus redoutables ? Ces amazones étaient celles du royaume Dahomey, l'actuel Bénin. On les appelait les Agojié, une troupe de femmes d'élite formées pour défendre leur roi et royaume.
Le blockbuster The Woman King, en salle ce 28 septembre et dont Terrafemina est partenaire, nous offre l'occasion de découvrir qui étaient ces guerrières historiques du 16e au 19e siècles.
Cette super production hollywoodienne s'inspire de véritables événements qui ont eu lieu au 19e siècle dans le royaume du Dahomey, l'actuelle partie sud du Bénin. The Woman King retrace l'histoire extraordinaire et l'épopée des guerrières "Agojié".
Cette unité entièrement féminine, dirigée par la générale Nanisca (interprétée par l'actrice oscarisée Viola Davis) avait pour mission de protéger le royaume de Dahomey et son roi Ghézo Gbèhanzin, contre le royaume Oyo, leur rival, mais aussi contre les esclavagistes portugais venus conquérir le royaume et le peuple du Dahomey, afin de s'emparer de celui-ci et les réduire en esclavage.
Mais qui étaient réellement ces guerrières exceptionnelles ayant véritablement existé, vectrices de l'empowerment au féminin, que les Européens nommèrent les "amazones du Dahomey" et qui servirent d'inspiration pour la création des Dora Milajé, la garde féminine rapprochée de T'Challa, roi du Wankada dans le film Black Panther ?
Cette élite militaire exclusivement féminine, était connue sous les noms de "Agojié" pour "espoir" et "Mino" pour "nos mères" en langue Fon au Bénin. Elles étaient des femmes fortes, habiles, braves et plus courageuses que les hommes. Elles ont sacrifié et voué toute leur vie à la protection du royaume Dahomey. D'ailleurs, la naissance des Agojié, nous la devons à Hangbé, la première reine du royaume du Dahomey au 16e siècle. En créant cette armée, elle voulut montrer à ses sujets que les femmes avaient une grande influence politique, qu'elles pouvaient accomplir des exploits et réaliser des tâches réservées aux hommes. Les rois qui lui succédèrent, occupèrent ce trône, mais en réalité, les vrais décideurs et stratèges politiques étaient les amazones du Dahomey. Aucun roi ne faisait rien sans les consulter.
Si le film The Woman King se concentre sur la formation de la jeune Nawi, dans la réalité, l'enrôlement des jeunes recrues débutait à l'âge de 7 ans, à partir duquel elles commençaient à être initiées et suivre des techniques d'entraînement de haut niveau. On leur apprenait à supporter la douleur lors des combats, à faire voeu de chasteté et de célibat durant toute leur vie de femme, afin de ne se concentrer que sur la garde du roi et la protection du royaume contre les ennemis. Elles vouaient leur vie à se battre jusqu'à la mort dans le seul but de faire prospérer le royaume Dahomey.
Plus que des guerrières programmées pour défendre leur patrie, ces femmes étaient la définition même de l'empowerment et de la sororité. Elles ont eu un immense impact sur tout le continent africain, et surtout en Afrique de l'Ouest.
Le film met beaucoup cela en avant- et je dois dire que j'ai beaucoup aimé- car les sociétés africaines étaient nombreuses à être matriarcales et matrilinéaires. Sans oublier le sujet abordé autour de la musique, les chants et la danse dans le film. Tous ces rites faisaient aussi partie de la vie de ces femmes militaires, l'exécution de la danse était très importante pour les amazones du Dahomey, leurs machettes, couteaux, lances et lassos étaient souvent utilisés comme accessoires chorégraphiques dans leurs combats contre les hommes. Leurs chants étaient également des devises de sororité et d'amour envers leur royaume.
Les Agojié étaient connues pour avoir un corps élancé et athlétique, et c'est pour cette raison que la star Viola Davis et le casting du film ont dû suivre un entraînement draconien mêlant courses, musculation, combats et sport de haut niveau pour rendre réels leurs combats dans le film, avec des scènes époustouflantes.
La couleur des vêtements portés par le corps militaire féminin du Dahomey était très importante. Elles étaient souvent vêtues de rouge ou de couleur ocre, car ces couleurs étaient habituellement réservées aux hommes, signifiant leur férocité, force et bravoure face aux dangers. En arborant à leur tour ces couleurs, ces femmes clamaient haut et fort, qu'elles étaient égales aux hommes, et que la force ne se jugeait pas au genre qui nous était attribué à la naissance, mais à un état d'esprit.
L'armée des femmes Agojié a pris fin lorsque le royaume du Dahomey est tombé à la fin du 19e siècle à la suite de leur défaite contre les colons français et portugais. Mais leur histoire ne cesse de vivre sur le continent africain.
La devise des amazones du Dahomey était "Vaincre ou mourir". Elles ont vaincu d'innombrables ennemis au péril de leur vie, pour la prospérité de leur royaume, et elles sont mortes en dignes avant-gardistes du féminisme et de la sororité. Le film The Woman King est un beau film qui vous donnera envie d'en savoir plus sur ces guerrières uniques.
Par Fatou N'Diaye, @BLACKBEAUTYBAG