Fin du suspens pour les Britanniques. Alors que deux femmes, Andrea Leadsom et Theresa May, étaient dans la course pour succéder à David Cameron au poste de Première ministre, c'est finalement cette dernière qui sera investie ce mercredi 13 juillet.
À 59 ans, la nouvelle dirigeante du Parti conservateur a une lourde tâche qui l'attend : mettre en oeuvre le Brexit et "en faire un succès" pour le Royaume-Uni. Et il n'en fallait pas plus pour que les journalistes politiques s'accordent pour faire de Theresa May l'héritière de Margaret Thatcher, première femme à avoir accédé à la fonction de cheffe du gouvernement de 1979 à 1990. Mais sera-t-elle vraiment la prochaine "dame de fer" du pays ? Rien n'est moins sûr.
Née en 1956 dans le Sussex d'un père prêtre de l'Église anglicane, Theresa May s'est très tôt illustrée pour ses facilité à l'école. Après un parcours sans faute dans des établissements privés catholiques (et non-mixtes), elle entre à l'Université d'Oxford pour étudier la géographie, puis au St. Hugh's College, d'où elle sort diplômée en 1977.
Embauchée à la Banque d'Angleterre à la fin de ses études, elle devient par la suite consultante financière pour l'Association for Payment Clearing Services. C'est en 1986 qu'elle fait ses débuts en politiques en étant nommée conseillère du borough londonien de Merton. Mais il lui faut attendre 1997 pour devenir un membre de l'opposition de premier plan. Victorieuse des élections dans la circonscription de Maidenhead après deux défaites, elle entre à la Chambre des communes où elle s'impose comme une recrue indispensable au Parti conservateur, dont elle devient par la suite présidente en 2002.
Nommée secrétaire d'État à l'Intérieur et ministre des Femmes et des Égalités en 2010, Theresa May n'a jamais caché ses affinités avec le Premier ministre David Cameron, qui le lui rend bien en lui confiant des dossiers sensibles, comme celui de l'immigration ou des bavures policières. Eurosceptique dans l'âme, elle fait tout de même campagne du bout des lèvres pour le "Remain" par fidélité pour son mentor, mais n'envisage pas un seul instant de renoncer au Brexit, qu'elle affirme vouloir être "un succès" en obtenant "le meilleur accord pour le Royaume-Uni".
Si elle fait partie du même parti que Margaret Thatcher et qu'elle va résider, comme elle, au 10 Downing Street à partir de ce mercredi, la comparaison avec la Dame de fer s'arrête là. Se situant davantage au centre de l'échiquier politique britannique, Theresa May se distingue par sa politique réformiste et pragmatique, à mille lieux de celle ultra-libérale menée autrefois par Margaret Thatcher.
Affirmant vouloir "un pays qui fonctionne pour tout le monde", l'ex-ministre de l'Intérieur de David Cameron a aussi promis que sa priorité sera de s'attaquer aux inégalités, de combattre la fraude fiscale et des patrons voyons, explique le Hunffington Post.
Là où Theresa May est peut-être davantage proche de Margaret Thatcher, c'est dans sa gestion du pouvoir. Intransigeante avec les membres du Parti conservateur qui rechignaient à laisser aux femmes et aux minorités la place qu'elles méritent, elle n'a pas hésité à qualifier sa famille politique de "nasty party" (parti méchant) en 2002.
Mais, contrairement à sa prédécesseuse, pas vraiment portée sur les droits des femmes et la défense des minorités, Theresa May n'hésite pas à prendre position sur les questions sociétales en se montrant extrêmement progressiste. Favorable au mariage entre personnes du même sexe, Theresa May milite aussi auprès du groupe de presse Women2Win. Son but ? Que davantage de femmes conservatrices soient représentées à la chambre des Lords. Créé en 2005, son succès aura été lent mais incontestable. Aujourd'hui, le Parti conservateur compte 68 femmes (sur 330) à la chambre des Lords. C'est encore trop peu, mais plus qu'en 1997, quand Theresa May a accédé à des fonctions politiques de premier plan. Elle n'avait alors que 12 collègues féminines.
Pour autant, Theresa May ne fait pas l'unanimité. Jugée trop peu charismatique et trop austère pour accéder à la plus haute fonction du gouvernement britannique, elle est aussi critiquée dans son propre camp, qui n'apprécie pas vraiment ses positions progressistes et ses absences notables dans les cercles d'influence.
"Theresa est une femme drôlement difficile", disait récemment d'elle l'ex-ministre Kenneth Clarke, député conservateur. Pas de quoi déstabiliser Theresa May, qui a répliqué avec humour : "Le prochain qui va s'en rendre compte, c'est Jean-Claude Juncker", le président de la Commission européenne.