Depuis le 1er juillet dernier, les pères ont le droit à un congé paternité de 28 jours, découpés en 3 jours prévus immédiatement à la naissance de l'enfant et 25 jours à prendre à la suite ou plus tard. Une avancée significative dont se réjouissent de nombreux concernés, mais qui semble déranger d'autres, visiblement moins enclins à voir l'égalité s'installer.
Dernière preuve en date, le cas Timoci "Jim" Nagusa. Le joueur de rugby fidjien évoluant en Pro D2 à Grenoble a décidé de prendre son congé à la naissance de son enfant, et fait depuis les frais de propos rétrogrades. En cause : la façon dont ce choix "met son équipe en difficulté".
Auprès du Midi Olympique, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France et manager de l'équipe de Montpellier est l'un de ceux que cela dérange, rapporte Libération. Il lâche : "Il lui faudra pratiquement sept à huit semaines de plus pour se réathlétiser et revenir. Donc, en gros, le joueur n'est pas absent qu'un mois mais trois mois". Et de poursuivre : "[Il] laisse son équipe dans la difficulté. (...) N'oublions pas qu'il est bien payé pour vivre sa passion. Jim Nagusa est certainement dans son bon droit mais bon..."
Sur Canal+, Jonathan Wisniewski, qui jouait dans le même club que l'intéressé, se dit "un peu sans voix". Et avance des arguments qui prouvent clairement que le sujet du congé paternité, comme de son importance à un niveau sociétal et de santé publique, n'est absolument pas maîtrisé.
"Quand on est rugbyman pro, on a une vie qui est quand même déconnectée de la réalité", ose-t-il. "On évolue dans des univers privilégiés, on gagne bien sa vie, on vous lave votre linge, on prépare vos repas... On n'a pas la vie de monsieur et madame Tout-le-Monde, donc ça me paraît compliqué de vouloir bénéficier des mêmes privilèges (sic) que ceux qui gagnent moins bien leur vie et en ont vraiment besoin." Aucun rapport, mais d'accord.
De son côté, Timoci Nagusa ne cille pas. Aux sceptiques, il rétorque auprès de Franceinfo : "Je suis rugbyman professionnel depuis quinze ans. Je fais mes affaires parce que je sais que quand je reviendrai, je serai prêt."
Et le sportif rappelle quelques notions de droit du travail et de priorité : "La loi offre un congé paternité de vingt-huit jours, mais libre à chacun de le prendre ou non. Pour moi, la famille, c'est plus important que tout dans la vie. Ma femme est très importante. Quand je partirai en déplacement avec l'équipe, quand je serai à l'entraînement, elle restera auprès de mes enfants. Prendre cette décision, c'est aussi une manière de la protéger".