Selon une étude publiée sur la plate-forme Hopwork & Manifesto EFIP et datant d'un peu plus d'un an, 8,8 millions de travailleurs, dont 700 000 personnes en France, ont décidé de dire adieu aux longs trajets en transports, aux relations toxiques qu'ils peuvent entretenir avec certains collègues et à la morosité du quotidien en se lançant dans l'aventure freelance. Et, d'après une autre étude d'OpinionWay publiée en janvier 2016, la France concentrerait près de 20 millions d'entrepreneurs potentiels - en effet, plus d'1 Français sur 3 aurait le projet de se mettre à son propre compte ou de créer son entreprise. Des chiffres qui ne sont qu'un petit échantillon de ceux révélant la manière dont le marché de l'emploi et son économie changent considérablement.
Si l'économie bouge, la manière de créer de la valeur ajoutée bouge également. Les business models des entreprises classiques sont remis en cause par l'économie virtuelle et la mondialisation donnant ainsi naissance à de nouveaux métiers, comme l'explique le site Blog-Emploi. Des professions ayant toutes comme point commun la suppression des contraintes liées à l'espace-temps : on peut désormais travailler de n'importe où et n'importe quand.
Une façon d'appréhender le travail qui s'observe nettement chez les jeunes générations et qui, inévitablement à l'image d'Internet, semble désormais se transmettre aux générations futures. Cette jeunesse, confrontée à un monde professionnel qui correspond de moins en moins à ses attentes, préfèrent alors se tourner vers ce type d'emplois plus libre ou jouer la carte de l'expatriation - selon les derniers chiffres du ministère des Affaires étrangères, ils seraient environ 3 millions dont 1,7 million de Français officiellement enregistrés à l'étranger.
Et les entreprises l'ont bien compris. Si bien qu'elles sont, d'année en année, plus nombreuses à se tourner vers Internet pour dénicher de nouveaux talents. Si les modes de candidatures dits "classiques" n'ont pas encore disparu, Internet se présente comme un moyen plus rapide et moins coûteux pour postuler. En témoignent la floraison de nombreux réseaux professionnels comme LinkedIn, où certains RH en viennent à contacter directement leurs futurs collaborateurs.
Une tendance à l'image de l'économie des biens : avec l'avènement du web, des marchés en ligne comme Amazon et eBay ont rendu rapide, facile et rentable l'achat de biens sur Internet. Si les magasins physiques existent encore, Internet représente une énorme part du marché.
Plus qu'une simple révolution au sein des entreprises, le travail en freelance donne également davantage de responsabilités à ses acteurs, qu'à un salarié dit lambda. Être travailleur indépendant c'est surtout endosser toutes les tâches que son (ancien) employeur doit/devait accomplir. Si ce n'est pas son but premier, le travail en freelance permet une meilleure responsabilisation du travailleur. Pour réussir, cet employé d'un autre genre se doit d'être polyvalent et jongler entre différentes casquettes pour pouvoir répondre à une multitude de demandes tant administratives, économiques ou en relation direct avec son travail.
Et la floraison de toutes nouvelles plates-formes spécialisées - à l'instar d'Elance, Hopwork ou encore Odesk par exemple - témoignent de la popularisation de ces nouveaux postes. Ainsi, plusieurs jeunes entreprises se fixent comme objectif la mise en relation entre entreprises clientes et travailleurs indépendants - permettant à ces derniers d'obtenir une meilleure visibilité.
Mais que l'on ne s'y trompe pas. Être freelance ne se résume pas à fuir le monde de la civilisation et les échanges en open space mais nous interroge sur la manière dont nous concevons, aujourd'hui, le monde travail.
Constamment, les employés cherchent à se réinventer en reprenant par exemple leurs études ou changent de structure plusieurs fois dans leur carrière car elles ne répondent plus à leurs attentes. Alors que le travail indépendant nous donne le contrôle de notre temps et nous permet d'être agile dans un monde sans cesse en mutation.
Autant de faits qui devraient nous questionner sur la manière dont le monde du travail tend à évoluer et la manière de protéger ces professions contre la précarité - surtout que, d'après un article paru dans Forbes en 2014, on estime que, d'ici 2020, les freelances représenteront 50% de la population active.