Violaine Gagnet : La première urgence consiste à évaluer les besoins sur place. CARE possède des équipes de terrain aux Philippines, en place depuis 1949 pour des programmes de réduction des effets des catastrophes naturelles (méthodes de gestion des écosystèmes, développement de systèmes d'alerte anticipée, organisation de plans d'évacuation). Notre pool d’urgence à Genève a envoyé ce week-end des équipes spéciales pour déterminer les besoins et établir la communication.
V. G. : Ils sont énormes vu l’ampleur de la catastrophe, on estime que 9,5 millions de personnes sont affectées. Or le problème majeur qui se présente est celui de l’accès aux populations. Des villes entières sont inaccessibles, comme Tacloban, où les seules images qui nous parviennent proviennent des hélicoptères. Les routes et pistes d’atterrissage d'aéroports sont détruites ou inondées. Des témoins sur place nous ont rapporté avoir parcouru 6 kilomètres en 11 heures. Ces villes isolées sont la priorité. La deuxième urgence, ce sont bien sûr les populations qui manquent d’eau potable. Nous savons que des habitants s’abreuvent à des canalisations endommagées, et que des cas de maladies ont déjà été recensés à cause de la consommation d’eau impropre. Notre action va concerner principalement l’accès à l’eau et l’assainissement, la distribution de kits d’hygiène, de nourriture et d’abris temporaires.
V. G. : C’est l’agence spécialisée de l’ONU, l’OCHA, qui se charge de la coordination de l’aide humanitaire, en coopération directe avec le gouvernement philippin. Pour déblayer les axes routiers et acheminer l’aide, un cluster d’ONG spécialistes du ramassage de débris est déjà en place. L’OCHA répartit les tâches géographiquement entre les diverses ONG, en plusieurs pôles : logistique, santé, accès à l’eau et assainissement, alimentation. Pour l’instant les réponses ne concernent que les zones accessibles, les acteurs humanitaires sont en train d’arriver sur le terrain. Nous aurons une vision plus claire de l’organisation d’ici la fin de la semaine.
V. G. : Il semble que l’amplitude du typhon Haiyan soit en effet sans précédent, l’état de l’archipel est proche de celui d’Haïti après le séisme de 2010. Un membre de nos équipes sur place nous a rapporté qu’à Ormoc, une ville du centre de l’archipel, 95% des maisons construites en dur n’avaient plus ni toit ni fenêtres. L’hôpital de cette ville n’a plus d’électricité et les médecins doivent opérer à la lampe frontale. Malgré les programmes en cours pour préparer les populations à ce type de catastrophe, il semble qu’aucun bâtiment ne soit capable de résister à une telle tempête. Les réponses se situent désormais plutôt au niveau de la prise de conscience du réchauffement climatique. Il faut souhaiter que la conférence de Varsovie qui s’est ouverte lundi tire les leçons du drame des Philippines.
Aux Philippines, CARE va aider en urgence 150 000 personnes. Pour mener à bien ces actions, CARE lance un appel aux dons.
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