Rendre compte du quotidien de la guerre en Ukraine à travers les réseaux sociaux ? C'est ce que fait tous les jours Valeria Shashenok, jeune photographe de 20 ans. Sur son compte TikTok, où elle fait office de reporter en herbe, la vingtenaire est suivie par plus de 640 000 personnes.
Ses publications régulières rendent compte d'une réalité nécessaire à relater : les immeubles détruits par les forces russes, les déjeuners en période de conflit, la vie de famille - confinée, à l'abri des bombes, dans un bunker souterrain avec sa mère, son père et son chien - en pleine guerre. Dans un contexte des plus alarmants s'alignent les bribes de vie authentiques, passées dans la ville de Tchernihiv, au nord de l'Ukraine.
Ses vidéos cumulent des millions de vues.
"Je pense que ma mission est de montrer aux gens à quoi [la guerre ] ressemble vraiment dans la vraie vie. C'est la vraie vie, et je suis là", précise la jeune vidéaste ukrainienne à la chaîne d'informations américaine CNN. Une façon se "transformer la guerre en art", comme le souligne le média.
Dans son abri anti-bombes, entre deux vidéos de cuisine, elle improvise même parfois des danses joyeuses, le signe caractéristique de bien des vidéos TikTok.
Bien sûr, c'est la gravité, étouffante, qui bien souvent investit cette fausse insouciance, notamment lorsqu'il est question des tragédies de la guerre, comme les destructions. "Aujourd'hui, Poutine a détruit l'un des anciens bâtiments de ma ville. C'était un cinéma qui avait survécu à la Seconde Guerre mondiale. Les fenêtres se sont envolées à cause de la force de l'impact dans les maisons voisines", détaille ainsi l'une de ses vidéos virales.
A travers son journal de bord connecté, compte-rendu incarné des "journées typiques dans un abri anti-bombes", bien souvent parcouru d'une ironie très générationnelle, la TikTokeuse informe le reste du monde sans filtre, d'une manière spontanée et libre, tout en soutenant ses compatriotes, à qui elle dédie des messages émus et doux-amers. "Les gens doivent chérir la liberté. C'est la chose la plus importante que nous ayons. Chaque jour, je vis avec l'espoir que demain la guerre se terminera... mais tout empire", achève-t-elle à CNN.
Si la guerre se termine, la jeune femme aimerait partir aux États-Unis et travailler là-bas en tant que journaliste. Et ce, en conservant son principal moyen d'expression et d'information : la plateforme TikTok.