Anne Lataillade : Comment est né le projet "locavore" ?
Anne Sophie Novel : Avec Anne Ghesquière, de Fémininbio.com, nous avons constaté que ce sujet était souvent évoqué dans les médias sans qu'un ouvrage ne soit dédié au sujet. Nous voulions travailler ensemble, et je lui ai dit banco, cela faisait sens pour moi que de travailler sur les liens entre le global et le local!
A.L : Comment définirais-tu ce qu'est un locavore ?
A.S.N : Un locavore pourrait aussi être qualifié de "mangeur saisonnarien" ou un "pétrophobe". Il calcule les kilomètres alimentaires parcourus par les produits qu'il mange et décide de ne s'approvisionner que dans un rayon limité allant de 20 à 200km autour de chez lui. Mais cette logique dépasse pour moi la logique de l'alimentation. Le locavorisme peut aussi s'appliquer à d'autres choix de consommation.
A.L : Tu m'as dit être devenue locavore pour écrire le livre, peux-tu me dire ce qui t'as semblé le plus difficile ?
A.S.N : Renoncer au parmesan et au chocolat ! Mais surtout, réviser ma géographie (je n'ai jamais appris les numéros de départements français, et j'en ai révisé certains afin de lire les étiquettes et voir si certains produits pouvaient ou non entrer dans mon régime ! Il faut aussi prendre le temps, ce qui n'est pas toujours facile... soyons honnête. Et ce même si cela est souhaitable...!
A.L : Peux-tu nous expliquer ce qu'est l'exception Marco Polo ?
A.S.N : Certaines denrées (telles le thé, le café, les épices ou le chocolat) sont toujours venues de loin (cf. la route des épices ou la route de la soie, pour n'en citer que certaines). Les locavores s'octroient dans leur régime alimentaire de consommer certains produits venant de loin et dont il est difficile voir impossible de trouver un équivalent localement. Personnellement je n'ai pas renoncé au thé, mais je privilégie les thés issus du commerce équitable, afin d'avoir la garantie que les conditions d'exploitation sont respectueuses de ceux qui les cultivent. Naturellement, sur de telles denrées le mode de transport privilégié est bien souvent le bateau...
A.L : Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaite devenir locavore ?
A.S.N : Je lui conseille de rendre la démarche ludique, d'impliquer ses proches (les enfants surtout!) et de prendre le temps de progresser. On ne change pas du jour au lendemain, alors entamer la démarche avec le plaisir de redécouvrir les savoirs et les saveurs, cela change tout! Le temps du jardin et de la cuisine sont de formidables pourvoyeurs de lien social, de plaisir et de souvenirs.
Le livre : Le guide du locavore pour mieux consommer local - Anne-Sophie Novel, Editions Eyrolles – 12.90€