Le 30 mars 2010 éclatait le scandale des prothèses mammaires PIP. À l'époque, Jean-Claude Mas, fondateur de la société Poly Implant Prothese, était accusé d'escroquerie pour avoir distribué aux quatre coins du monde, pendant dix ans, des prothèses remplis d'un gel de silicone frelaté. Près de cinq ans jour pour jour après cette affaire, et alors que paradoxalement, les poses d'implant n'ont cessé d'augmenter en France, un nouveau scandale sanitaire pourrait bientôt éclater. En effet, selon une information du Parisien, certains cas de cancers seraient étroitement liés au port de prothèses mammaires, des tumeurs qui se développeraient en moyenne 11 à 15 ans après la pose du premier implant.
Le quotidien révèle ainsi que l'Institut national du cancer a mis à jour, dans un avis d'experts rendu le 4 mars dernier, une nouvelle tumeur : le lymphome anaplastique à grandes cellules. Pour l'heure, 18 cas auraient été recensés en France, mais ce chiffre serait en nette augmentation depuis 2014. Et au niveau mondial, ce sont 173 cas qui auraient déjà été déclarés. "Ces cas de cancer très particuliers semblent corrélés au port de prothèses mammaires. Nous avons aussi des retours du même type d'informations venant des autres agences de santé aux États-Unis et en Europe", a confirmé François Hébert, directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), précisant que cette nouvelle maladie avait déjà causé un décès en France. Et de poursuivre : "A contrario, aucun cas de ce lymphome anaplastique à grande cellule n'a été retrouvé chez des femmes ne portant pas d'implants".
Autre source d'inquiétude, la surreprésentation d'un même fabricant dans les cas recensés. En France, sur les 18 lymphomes déclarés, 14 impliqueraient uniquement la marque américaine Allergan, qui possède environ 30% de parts de marché sur le secteur des prothèses mammaires. Pourtant, les inspections de ce laboratoire et de la fabrication de ses implants (comme de nombreux autres après le scandale PIP) n'a révélé aucune anomalie.
Quoi qu'il en soit, si les autorités sanitaires préviennent pour l'heure contre tout alarmisme des porteuses d'implants, plusieurs mesures ont d'ores et déjà été mise en place afin d'apporter la meilleure réponse possible à cette affaire. "Dans un premier temps, il a été décidé que les femmes qui se font poser des implants mammaires doivent être obligatoirement averties de ce nouveau risque, même s'il est faible. Par ailleurs, des lettres d'information et de mise en garde ont été envoyées aux professionnels de santé", a détaillé François Hébert. Enfin, une réunion exceptionnelle d'experts sera organisée à l'ANSM d'ici la fin du mois. L'objectif : faire le point sur la règlementation actuelle, prendre les mesures qui s'imposent et, le cas échéant, interdire les prothèses mammaires.