Une "aide universelle d'urgence" : c'est cette proposition émise par la sénatrice centriste Valérie Létard qui a été votée à l'unanimité à l'Assemblée nationale ce lundi 16 janvier, afin d'apporter secours concrètement aux victimes de violences conjugales. Un intitulé qui semble pertinent afin de lutter contre ce fléau inscrit dans notre société.
Mais qu'est-ce que c'est, "l'aide universelle d'urgence" ? Il s'agit d'une aide financière qui pourrait permettre aux victimes de quitter au plus vite leur foyer, lieu premier des violences au sein du couple. Cette aide prendrait donc la forme d'un prêt à taux zéro, directement délivré par les caisses d'allocations familiales, et dont la première mensualité serait versée sous trois jours. Le remboursement de ce prêt pourrait se faire sur plusieurs échéances, la victime pouvant éventuellement bénéficier de remises en cas de forte précarité.
Une bonne idée ? En soi, oui. Mais cette proposition suscite aussi certaines réserves.
Effectivement, cette proposition de mesure votée à l'Assemblée nationale ne convainc pas tout à fait. Et pour cause, elle n'est pas sans limites, tel que le précise Europe 1. Il s'agit effectivement d'une aide "sous certaines conditions". A savoir ? Pour être délivrée, il est exigé que la victime ait d'emblée déposé plainte. Mais également, qu'un signalement ait été rendu au procureur de la République. Enfin, il est nécessaire que la victime bénéficie déjà d'une ordonnance de protection émise par le juge aux affaires familiales.
Beaucoup d'étapes à assurer au préalable dans une situation qui nécessite l'immédiateté. Et si certains points positifs sont mis en exergue, comme le fait de proposer à la victime, au-delà de ce prêt, un accompagnement social et professionnel, ces spécificités ne manquent pas de faire réagir. Ainsi, Françoise Brié, directrice générale de la Fédération solidarités femmes, affirme à Franceinfo que les victimes devraient profiter de cette aide "sans dépôt de plainte". Car porter plainte est une démarche souvent difficile pour les femmes victimes.
"Elles pourraient éventuellement présenter une attestation d'une association spécialisée qui les suit", développe la directrice générale. Autre élément qui dérange ? Le remboursement exigé de cette "aide universelle", qui, au fond, est davantage un prêt qu'une aide. "On voit qu'il s'agit d'une avance. À un moment, les femmes victimes de violences vont devoir rembourser les conséquences des violences qu'elles ont subies", observe à ce titre
Floriane Volt, directrice des affaires publiques et juridiques à la Fondation des femmes.