"Les marques sur mon corps vont guérir mais les cicatrices sur mon coeur vont rester." C'est ainsi que Melody Gardot entame la légende de son dernier post Instagram, qui montre une photo de son poignet tuméfié. Elle livre un discours poignant sur l'expérience qu'elle a vécue avec un ancien compagnon, afin de sensibiliser les femmes au fait que "l'amour n'est pas la violence", et les inciter à partir au premier signe de maltraitance. Et évoque également une rencontre récente qui l'a fait réaliser que prendre la parole était nécessaire.
"J'ai vu il y a deux jours une femme qui m'a dit qu'elle vivait avec son mari qui la bat quand il est ivre", poursuit-elle. "Elle marche avec une canne parce qu'elle a été battue tellement de fois !!!!!!! Je n'arrivais pas à le croire. Je l'ai encouragée à le quitter. Les jours ont passé et cela me hantait. Je me suis demandé si j'avais raison de lui dire ça. Est-ce à moi de juger ?"
Elle raconte également que le cliché qui accompagne la publication, celui de son bras noirci, n'est pas d'aujourd'hui, mais de son passé récent. Et puis, lors d'un entretien avec Télérama, elle en dévoile davantage sur ce qui s'est passé : "Celui qui m'a fait mal ne le voulait pas ; il s'est perdu dans sa colère. Il a oublié que sa grande main d'homme, sur mon poignet de femme, pouvait être redoutable. De lui-même, il l'a tout de suite regretté. 'Je ne peux pas croire que j'aie fait ça...'. Mais il était parti loin".
"Je me suis convaincue que je le méritais", ajoute-t-elle sur le réseau social. "Jusqu'au jour où je me suis réveillée et j'ai réalisé - non. Ce n'est pas de l'amour. La violence n'est pas de l'amour", insiste-t-elle à l'intention de celles qui la lisent. "Non mesdames. Non. Nous ne sommes pas faites pour ça. Et si vous êtes dans une relation de violence de quelque nature que ce soit, veuillez communiquer avec quelqu'un qui peut vous aider à faire le bon choix pour votre sécurité et pour une vie meilleure."
Cette intervention coïncide tragiquement avec l'annonce des nouveaux chiffres de féminicides. On compte 121 femmes tuées par leur (ex)-conjoint en 2018, et 76 depuis le début de l'année 2019. Beaucoup d'associations et de militant.es féministes, à l'instar le collectif #NousToutes, déplore le manque de mesures mises au point par l'Etat.
Interviewée à ce sujet, Melody Gardot répond que "Tant mieux si le sujet est abordé et si la parole se libère, c'est indispensable. Pour ma part, je ne veux pas juger quiconque (qui suis-je pour cela ?), juste lancer une conversation. Briser le silence dans lequel beaucoup de femmes sont enfermées en rappelant que ce genre de situation n'est tout simplement pas normale. La violence physique et émotionnelle n'a aucune place dans une relation d'amour."
Un numéro vert a été mis en place pour les victimes de violences sexistes et sexuelles : le 3919, ainsi qu'une plateforme sur laquelle les victimes pourront joindre plus facilement les forces de l'ordre.