Un quart des femmes et des filles ont déjà été agressées physiquement ou sexuellement par un partenaire masculin. Ce chiffre glaçant a été mis en lumière lors d'une étude colossale réalisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et plusieurs partenaires des Nations Unies, sur la prévalence de la violence à l'égard des femmes à l'international.
Des faits constatés dès le plus jeune âge, puisque 24 % des 15-19 ans interrogées ont confié avoir déjà été maltraitées de la sorte. Une proportion qui monte, au plus haut, à 28 % chez les 30-39 ans, et qui serait le plus observée en Asie du Sud Est, avec 35 % des femmes concernées par ces violences vivant dans cette région.
En Europe de l'Ouest, où se situe la France, elles sont 21 %, contre 16 % en Europe du Sud, 20 % en Europe de l'Est et 24 % en Europe du Nord. L'OMS estime qu'environ un tiers des femmes âgées de 15 ans ou plus (entre 736 et 852 millions) subiront une forme de violence sexuelle ou physique au cours de leur vie.
Si ce rapport communiqué après l'analyse de données datant de 2000 à 2018 et correspondant à 161 pays n'inclut pas la période du Covid-19, l'ONU avait toutefois alerté en 2020 sur une probable augmentation de victimes de violences conjugales de 15 millions par rapport aux années précédentes. Et les expert·e·s d'insister sur l'amplification du fléau depuis la pandémie et les confinements. 30 % de plus, d'après l'ONU.
"La violence à l'égard des femmes est endémique dans tous les pays et toutes les cultures, causant des dommages à des millions de femmes et à leurs familles, et a été exacerbée par la pandémie de Covid-19", déplore le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. "Mais contrairement au Covid-19, [elle] ne peut être stoppée par un vaccin." A la place, lâche-t-il, il est impérieux d'entamer des changements et soutiens concrets au sein de la société.
"Nous ne pouvons la combattre qu'avec des efforts profondément enracinés et soutenus - de la part des gouvernements, des communautés et des individus - pour changer les attitudes néfastes, améliorer l'accès des femmes et des filles aux opportunités et aux services, et favoriser des relations saines et mutuellement respectueuses".
Pour la Dre Claudia García-Moreno, qui dirige les travaux de l'OMS sur la violence à l'égard des femmes, de "signal d'alarme" doit déclencher un bouleversement et des actions immédiates. "Il est urgent de réduire la stigmatisation autour de cette question, de former les professionnels de la santé à interroger les survivants avec compassion et de démanteler les fondements de l'inégalité entre les sexes", lance-t-elle. Pour cela, "il faut commencer par faire des écoles des lieux sûrs, car dans de nombreux pays et milieux, elles ne le sont malheureusement pas".
Oeuvrer également à lever le voile sur un tabou ravageur. Notamment en instaurant une éducation sexuelle complète et des leçons sur la manière de construire des relations saines, basées sur l'égalité et le respect mutuel. Et enfin, faire prendre conscience que ce fléau n'est pas un "problème de femmes" mais bien un problème de société, les hommes et les garçons devant s'y attaquer.
En France, en 2020, le 3919, numéro d'écoute destiné aux victimes de violences conjugales a enregistré trois fois plus d'appel qu'à l'accoutumée. Une croissance terrible qui ne fait qu'illustrer les propos des spécialistes, et témoigne de l'urgence d'une situation dramatique.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.