À Créteil (Val-de-Marne), un homme de 31 ans est actuellement jugé pour avoir imposé à sa compagne des rapports sexuels non-consentis. Une affaire de viol conjugal malheureusement trop fréquente mais qui fait l’objet d’un traitement particulier par la justice. En effet, c’est devant une cour d’assises que se déroulera le procès alors que la majorité des dossiers de ce type sont généralement renvoyés en correctionnelle. Des renvois qui sont d'ailleurs des erreurs pour Françoise Brié, porte-parole de la fédération nationale Solidarité Femmes, qui lutte contre les violences faites aux femmes. « Il faut cesser la correctionnalisation des viols qui n’en font que de simples délits », tranche-telle. Et de rappeler : « Quelle que soit la situation, imposer une relation sexuelle à autrui est un viol et donc un crime. C’est une atteinte grave au droit des femmes à disposer de leur corps, à leur liberté et au respect de leur consentement. »
Selon les déclarations faites par la victime aux enquêteurs, dans cette affaire, les violences auraient eu lieu dans la soirée du 6 décembre 2010. Son compagnon l’aurait frappée à plusieurs reprises au visage, devant leur petite fille de 4 ans, avant de la contraindre à avoir plusieurs rapports sexuels avec lui. Ses cris, larmes et protestations, n’auront eu aucun effet sur son agresseur. « Je vais te donner des raisons de me détester, sale chienne », aurait-il d’ailleurs hurlé, selon Le Figaro tandis que la jeune femme « pleurait », « serrait les jambes » et « appelait "maman, maman", comme un bébé ». Finalement, la plaignante avoue avoir rendu les armes : « Le lit était collé à la fenêtre et je regardais le ciel, pendant que je l'ai finalement laissé faire... ce qu'il voulait faire. J'ai abandonné parce que je voulais qu'il me laisse tranquille, je n'en pouvais plus des coups ».
Outre son instruction aux assises, ce procès est également singulier car, souvent, les femmes victimes de viol conjugal ne portent pas plainte. « Les violences sexuelles au sein des couples ne sont que très rarement dévoilées, même par les femmes ayant pourtant déjà révélé avoir subi des violences physiques. C’est un acte d’autant plus difficile à dénoncer qu’il relève de l’intimité et qu’il y a parfois une vision archaïque ou religieuse des devoirs conjugaux », explique Françoise Brié. Autre obstacle observé par la porte-parole de l’association : la prise de témoignage. « Ces femmes doivent se sentir en confiance pour raconter ce qu’elles ont subi. Un professionnel formé et à l’écoute est indispensable dans ces situations. Or, ce n’est pas toujours le cas, chacun ayant sa propre représentation du couple. D’ailleurs, dans les mentalités, le viol entre époux est un sujet tabou, son existence est mise en doute. Finalement, c’est la parole de l’un contre celle de l’autre ».
Une analyse dans laquelle semble se reconnaître la victime. Sur les ondes d’Europe 1, elle a ainsi confié que les femmes dans sa situation craignaient effectivement de ne pas être prises au sérieux. « Ce n’est pas évident d’aller porter plainte contre le père de sa fille et son compagnon. C’est pour ça que c’est très important d’avoir des certificats médicaux ». À noter que son ex-concubin, tout en reconnaissant les violences infligées, conteste les accusations de viol. Il certifie que les rapports étaient consentis, même si c’était à « contrecœur ». Il encourt jusqu’à 20 ans de prison.
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