Le "slow travel", ou "voyage lent", apparaît depuis quelques temps sur les blogs de voyage et autres réseaux sociaux. L'émergence d'une nouvelle tendance qui prône un rythme aux antipodes des visites guidées expéditives, et qui déculpabilise de n'avoir envie de rien faire quand on se trouve à l'autre bout du monde. Une façon de s'évader qui veut aussi préserver la nature et s'opposer aux clichés de l'explorateur occidental qui considérerait le monde comme son terrain de jeu.
On vous liste 5 façons de le pratiquer, pour un séjour respectueux et apaisant qui pourrait bien changer votre vision du tourisme.
En se rendant dans un pays dont on veut réellement découvrir la culture, les recoins, ou encore le mode de vie de ses habitant·es, mieux vaut ne pas être pressé·e. Adieu hôtels de luxe ou auberges de jeunesse peuplées de backpackers qui n'ont d'aventurier que l'apparence : misez plutôt sur une chambre dans une guest house, à l'écart des grandes artères qui pullulent de monde.
L'objectif : y rester plusieurs semaines et commencer à calquer vos habitudes sur celles de la maison. Au Vietnam par exemple, vous pouvez prendre vos repas en même temps que les membres de la famille qui vous accueille et apprendre à cuisiner. On ne garantit pas que vous réussirez à repartir après une telle expérience.
En voyage, on a tendance à vouloir découvrir un maximum de lieux. Un peu pour dire qu'on y était, beaucoup pour optimiser au maximum son déplacement (on n'aura peut-être pas l'occasion de s'y rendre à nouveau). Sauf que c'est justement l'exact opposé du slow travel. Mieux vaut prendre le temps d'aller d'un endroit à l'autre en passant par les terres, quitte à perdre quelques heures - voire jours - de plus en transports, que de s'adonner à une course effrénée contre la montre.
Le meilleur moyen de faire le tour d'un pays : prendre ses bus ou ses trains. En Colombie - et en Amérique du sud en général -, on peut faire Bogotá-Carthagène des Indes en bus de nuit, en 22 heures. D'accord, ça fait peur, mais le fait de passer par tous les villages et villes qui séparent les deux vaut clairement le coup. Rien que pour le coucher de soleil sur les routes escarpées de la région andine. Et l'écologie, aussi.
Qui dit vie locale, dit laisser-aller et absence d'anticipation. On évite donc de surcharger son planning de sorties en tout genre et autres activités typiques, et on privilégie l'improvisation. Surtout, rappelez-vous que comme pour les différentes villes d'un pays, vous n'aurez jamais le temps de voir les différents monuments et lieux d'intérêts qu'elle propose. Enchaîner ne servirait qu'à vous épuiser et en fin de compte, à ne profiter d'aucun endroit tant ils défileront devant vos yeux.
Suivre cette routine permet aussi d'économiser et de vous débrouiller par vous-même. De sortir des sentiers battus pour de vrai, et d'avoir l'occasion de vous retrouver un peu seul·e avec vos pensées aussi. De faire le bilan et de réaliser si oui ou non, vous menez la vie dont vous avez envie. Tout le but d'un voyage, en réalité.
Pour vous déplacer au sein de petites distances, là aussi, il existe un mode de transport à prioriser pour vivre la tendance jusqu'au bout : vos pieds. Arpentez les rues, les boulevards, les ruelles jusqu'à commencer à trouver votre chemin, perdez-vous dans la nature (restez tout de même prudent·e, il serait judicieux d'éviter de réquisitionner les secours pour nourrir votre ego-trip à la Into The Wild) et arrêtez-vous quand vous le souhaitez.
Si la marche est trop compliquée, misez sur un vélo ou un cheval - très populaire en Amérique du Sud -, l'important restant d'être complètement autonome et de pouvoir vous rendre dans des recoins qu'une voiture ne pourrait pas atteindre.
On dirait presque un mantra pour réseaux sociaux, ou un poster qu'on accrocherait dans un salon de millenials. Et en même temps, il résume assez bien l'état d'esprit à adopter lorsqu'on part pour un "slow travel". Ce qu'il est essentiel de retenir, c'est que dans cette optique, voyager est l'exact opposé d'une course à la performance touristique. On ne se rend pas dans un nouveau pays pour voir un maximum de choses, mais plutôt pour vivre une expérience inédite, en respectant les personnes qui vous accueillent, leurs coutumes et leur mode de vie. Tant pis si on n'a pas vu le lac Titicaca, gravi le Machu Picchu et visité les Salinas d'Arequipa dans la même semaine, tant qu'on a profité d'un moment inédit en phase avec les lieux.
Finalement, le "slow travel" est juste une façon à taille humaine de découvrir une nouvelle culture, en minimisant son impact environnemental et en appréciant réellement l'endroit pour ce qu'il est, plutôt que pour ce qu'il représente. Un tourisme qui colle à notre époque, et qu'il est grand temps de démocratiser.