La naissance de l'association
En 2003, une dizaine d'étudiants français se croisent régulièrement lors des manifestations pour la cause tchétchène, avec l'impression décourageante que leur engagement ne rencontre aucun écho auprès de l'opinion française.
Ils décident de créer " Etudes sans frontières ", pour agir de façon concrète sur l'avenir de la Tchétchénie. L'avenir d'un pays, c'est sa jeunesse... dont l'horizon précaire empêche de penser à la reconstruction. Sur les quelques cinq mille étudiants qui fréquentaient les universités avant-guerre, seules quelques centaines s'accrochaient encore à l'éducation. Etudes sans Frontières s'est donnée pour but de faire venir les meilleurs d'entre eux en France, pour qu'ils obtiennent un diplôme et réalisent leurs rêves.
Quand Aurélia Chaudagne et les autres membres fondateurs de l'association présentent leur projet, les journalistes et experts de la question tchétchène leur égrènent les difficultés à prévoir : problèmes de visa, barrière de la langue...
" Pourtant, nous les avons obtenus, ces visas, grâce à des soutiens politiques importants, se félicite Aurélia. Et, très vite, nous avons mesuré l'impact de notre action, pourtant infime – 9 étudiants tchétchènes accueillis en France pour la première édition - sur l'état d'esprit des étudiants là-bas. Pour la première fois, ils s'apercevaient qu'il était possible de partir du pays, et d'en revenir avec une éducation de haut niveau ".
L'espoir suscité sur place ne masque pas les difficultés réelles éprouvées en France par les étudiants tchétchènes. " Eux qui avaient vécu plus de quinze années d'enfermement dans leur pays avaient beaucoup de mal à s'adapter au mode de vie français. Par exemple, ils ne comprenaient pas l'intérêt de s'encombrer de multiples cartes au quotidien : carte de crédit, de transport, de bibliothèque, de cantine... Ils ne s'en sortaient plus ! "
Au-delà des soucis pratiques au quotidien, le problème du financement est énorme : la prise en charge d'un étudiant en France coûte environ 12 000 euros par an. Pour les nouveaux projets de l'association, la priorité est donc donnée à l'action sur place. Une nouvelle mission a été lancée au Rwanda, auprès des orphelins du génocide.
" Lorsque nous avons accueilli les premiers étudiants, se souvient Aurélia Chaudagne, nous nous sommes rendu compte que la discipline qu'ils avaient indiqué dans le formulaire de candidature n'était pas toujours celle qu'ils souhaitaient vraiment étudier.
Par exemple, une étudiante nous a avoué avoir très envie de travailler dans la mode. Mais ses parents lui avaient toujours dit que ce n'était pas un vrai métier, que l'on ne pouvait pas l'étudier à l'école.
Nous lui avons dit : Mais si ! Il y a des écoles de stylisme en France. Ose réaliser tes rêves ! Nous lui avons trouvé un stage chez Sonia Rykiel, après quoi elle a fait une école spécialisée. Elle crée maintenant ses propres collections... "
Une autre étudiante, Milana Terloeva, a pu suivre des études de journalisme à Sciences Po, et raconter son histoire dans un livre " Danser sur les ruines- Une jeunesse tchétchène " (Hachette). Elle est aujourd'hui rentrée en Tchétchénie, où elle participe notamment à un projet d'études sans frontières : la création d'un Centre Culturel Européen à Grozny.
L'association vit essentiellement de dons privés. Vous pouvez soutenir leur action par une donation sur leur site.