Faut-il cancel Bridget Jones ?
On s'interroge tant l'oeuvre culte de Richard Curtis avec Renée Zelwegger, ode à "All by myself" adaptée du best seller de Helen Fielding, ne cesse d'être bousculée aujourd'hui. Par la critique, par le public et surtout... Par la romancière elle-même ! 20 ans plus tard, l'autrice juge que ce portrait drôlatique d'une "célibattante" l'a... "choquée".
Elle n'est pas la seule, puisque Le journal de Bridget Jones gêne... Son scénariste et réalisateur, Richard Curtis. Au moins, la boucle est bouclée. Mais qu'est ce qui dérange le metteur en scène de Love Actually dans ce récit romantique de culottes high-size, de Céline Dion et de pulls kitsch ?
C'est simple...
"Je pense que j'étais juste un peu stupide", avoue Richard Curtis.
Stupide, par rapport à quoi précisément ?
Et bien, par rapport au fait d'employer le mot "grosse" aussi aisément. De blaguer là dessus régulièrement, comme on peut le voir dans Le journal de Bridget Jones - notamment, par rapport aux culottes citées plus haut. C'est Scarlett Johansson elle-même qui l'aurait informée que les blagues les plus courtes à ce sujet sont les meilleures, révèle le cinéaste au Guardian...
"Dans Le Journal de Bridget Jones, le personnage de Renée Zellweger est constamment critiqué pour son apparence et qualifié de 'dodue' ou de femme en surpoids, malgré un poids d'environ 60 kg. Elle se décrit comme ayant "des fesses de la taille du Brésil "...", fustige à ce propos le journal britannique.
"Je ne me sentais pas malveillant à l'époque, mais je pense que j'étais indifférent et pas aussi intelligent que j'aurais dû l'être", détaille encore le scénariste so british. Faute avouée à moitié pardonnée. La vraie absurdité, ont pu tacler les militantes féministes, c'est surtout de nous faire croire que Renée Zelwegger est "grosse", alors qu'elle dépassait à peine les soixante kilos en 2001. La magie d'Hollywood, quelque part...
"J'ai emmené mes enfants assister à une projection du film récemment. Je ne l'avais pas vu depuis des années et j'ai été choquée", déclarait Helen Fielding en 2020, taclant en outre "le fait que l'on voit des mains au cul dans plein de scènes" ou encore ce moment où le personnage de Richard Finch (Neil Pearson) réclame à Bridget "une photo de ses seins".
Pas les répliques les plus 2023 qui soient.
Cependant, les fans de Bridget Jones existent encore.
Plus que les blagues, ils envisagent l'héroïne, délicieusement imparfaite, et ce qu'elle a pu représenter aux yeux de tout un public, dans une époque bien différente concernant ces enjeux : les sinistres années 2000. Dans un monde qui se réjouissant encore de vanner les "bimbos", Bridget apparaissait comme une figure inspirante, une femme solo, drôle, attachante. Et décomplexante. Oui oui, tel fut son rôle il y a vingt ans. Autre génération.
Aujourd'hui, l'avènement des séries télé plus trash et naturalistes proposant d'autres portraits de femmes, le règne au sein de l'industrie hollywoodienne de cinéastes féministes comme Greta Gerwig, et l'émergence de mouvements majeurs comme le body positive et le militantisme anti grossophobie sur des réseaux sociaux comme Instagram sont autant de phénomènes venus bousculer les lignes. Et heureusement soit dit en passant.
Mais faut-il vraiment dire adieu à Bridget pour autant ?
On vous laissera en juger, des pots de glace à proximité.