"Il faudrait, à l'avenir, légaliser la GPA". Les mots sont clairs. Limpides. C'est ce qu'a déclaré le ministre chargé des transports Clément Beaune dans les pages de l'Obs. Audacieux, pour le magazine, qui voit là "une ligne rouge franchie" par l'homme politique, "à rebours des positions du président de la République".
Il faut dire que c'est une vraie prise de position : Clément Beaune se dit ouvertement favorable à la légalisation de la gestation pour autrui, malgré cet hypothétique "à l'avenir". "C'est un sujet sur lequel j'ai personnellement évolué", avoue volontiers le ministre délégué chargé des transports.
Avant d'expliquer pourquoi...
"Pour deux raisons. D'abord, l'amour. Il y a tellement d'enfants en souffrance et de familles dysfonctionnelles, et tellement de couples qui portent dans leur coeur un projet d'enfants. Ensuite, la justice. Aujourd'hui, les Français peuvent en fait déjà avoir recours à la GPA. Mais pas tous les Français ! Seulement ceux qui ont les moyens de se rendre à l'étranger", développe Clément Beaune dans les pages de l'Obs. Une parole de conviction ?
Alors qu'en 2021 encore, en 2021, le vote de la loi Bioéthique avait affirmé un refus gouvernemental, celui de légaliser la GPA en France, les mots de Clément Beaune incitent à l'ouverture d'un débat sur le sujet.
"Aujourd'hui, la sélection pour la GPA se fait par l'argent et les contacts", déplore encore l'homme politique à l'Obs. "Avoir notre propre cadre et nos propres règles serait plus juste et plus protecteur. Il faut aussi creuser des idées pour demain", poursuit-il.
Cependant, s'il démontre son intérêt pour la question, question de société majeure, qui suscite controverses, tribunes, témoignages, et échanges médiatiques houleux, Clément Beaune tient à préciser dans les pages de l'hebdomadaire : "Cette mesure n'est pas au programme, le président l'a dit aux Français".
Un "à l'avenir" qui semble assez lointain donc.
L'an dernier, un sondage mené par l'Ifop pour Femme Actuelle révélait que les Françaises seraient largement favorables à la légalisation de la GPA. A raison de 72 % de sondées favorables à l'autorisation de la procédure aux parents hétéros, et 62 % aux couples homos.
Cependant, le sujet suscite la frilosité des politiques. Alexandre Urwicz, président de l'Association de défense des familles homoparentales (ADFH), déplorait ainsi : "On voit un manque de courage politique de la part des candidats à s'emparer de cette question, alors même que la société est mature sur le sujet". Une "maturité" revendiquée par Clément Beaune ?